Le deuil

« Donne moi la force de changer ce que je peux changer, le courage d’accepter

ce que je ne peux changer et la sagesse d’en connaître la différence.»

Citation attribuée à Marc Aurèle Empereur,

Homme d’état, Philosophe (121 – 180)

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le deuil en psychologie : bougies

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Qu’est ce qu’un deuil ?

Tout d’abord regardons la définition du dictionnaire Larousse :

  • Douleur, affliction éprouvée à la suite du décès de quelqu’un,
  • Signes extérieurs liés à la mort d’un proche et consacrés par l’usage : Porter le deuil.
  • Temps pendant lequel on porte ces signes extérieurs .
  • Processus psychique mis en œuvre par le sujet à la perte d’un objet d’amour externe.

Je dirais qu’il s’agit d’un processus psychique qui fait suite à une perte et qui correspond à un sentiment d’absence douloureuse. Dans le deuil la perte est irrémédiable, il peut s’agir d’un décès mais aussi de la perte d’un être cher par séparation ou divorce.

Il peut s’agir encore de la perte d’un objet ou d’une situation ayant une forte charge émotionnelle (perte d’un bien, d’un emploi, ou d’une position sociale valorisante) ou encore de la perte d’un objet d’amour fantasmatique (mort d’un fœtus in utero, naissance d’un enfant porteur de handicap).

Ici, je m’intéresse essentiellement au décès d’un être cher mais cela peut être généralisable aux autres situations le plus souvent.

Qu’est ce que le deuil « normal » ?

Il s’agit d’un processus fluide consistant en un réaménagement psychique qui permet de réinvestir différemment son énergie psychique en s’accommodant à la perte. Il s’agit d’apprendre à vivre « autrement avec le manque »2

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Les étapes du deuil

Certains auteurs tels qu’Elisabeth Kübler-Ross ou encore John Bowlby ont décrit les différentes étapes du deuil. Celles-ci seront reprises plus en détail dans l’article sur « les étapes du deuil« .

Cependant si l’on veut décrire le processus de deuil, les premiers temps sont marqués par la sidération.

L’être aimé n’est plus, on le sait, mais l’on n’y croit pas. On garde les mêmes habitudes, on pense au défunt comme s’il était encore « accessible », la relation que l’on entretient avec lui à l’intérieur de soi est la même qu’avant mais il ne sera plus jamais là.

Cette prise de conscience entraîne des moments de détresse intenses et des sensations très vives d’angoisses, de malaise.

Il peut y avoir par moments un sentiment d’étrangeté, on sent sa présence, « comme s’il était toujours là », cela n’a rien de pathologique.

Puis arrive le chagrin, cette sensation d’absence douloureuse ou l’on ressent de la tristesse.

Durant cette période, on n’a plus envie de rien, la vie semble terne, fade, on ressent un vide, un manque d’envie et de plaisir.

Il s’agit là d’un processus particulièrement important qui permet de réaliser que la perte est irrémédiable. En effet plus rien ne sera jamais comme avant et la relation doit être réaménagée et « réactualisée », le défunt n’est plus mais il demeure en nous, fait partie de notre histoire et de notre vie même si celle-ci se doit de continuer sans lui.

Cela prend du temps, évidemment, et la détresse doit rester supportable. Il est bon de ne pas rester trop souvent seul afin de pouvoir, certes aménager du temps afin de penser au défunt et faire ce travail de réaménagement psychique, mais aussi de rester dans la réalité du temps présent afin de pouvoir « actualiser la perte » et ne pas s’isoler dans le passé.

Il est alors bon de pouvoir partager avec ses proches ou un groupe d’entraide. Ou encore de pratiquer des activités qui nous ressourcent (promenades, sports, dessin, jardinage, musique etc.) et qui ne demandent pas trop d’investissement émotionnel.

Pendant cette période, il faut éviter de faire des choix de vie importants ou d’élaborer des projets. Chaque chose en son temps.

Ce travail de deuil est une douleur nécessaire, qu’il faut accepter « mais au terme duquel on peut, non pas survivre avec l’inacceptable inaccepté, mais vivre2.

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Combien de temps dure la période de deuil ?

Les professionnels s’accordent pour une durée allant de 2 à 6 mois, en effet, au delà de 6 mois un certain apaisement doit être ressenti.

De 6 mois à 1 an après l’événement on doit sentir qu’on est « sur la voie », la confiance dans sa capacité à faire face et à continuer son chemin est à nouveau présente1.

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Comment envisager l’avenir sans le défunt et quelle place lui faire ?

Il convient de donner au défunt sa juste place afin qu’il ne prenne pas toute la place.

Cela signifie que la relation interne que l’on a au défunt va pouvoir être revisitée sans que celle-ci ne puisse plus jamais être réactualisée du fait de sa disparition définitive. « Si le souvenir subsiste, la relation, quant à elle, s’est bien achevée. On pourra la redécouvrir, la revisiter, l’éclairer, mieux l’appréhender, mais on ne pourra pas en écrire une nouvelle page»1.

Cependant il est important d’honorer la mémoire du défunt, comme me disait un patient après avoir été porter des fleurs sur la tombe de sa grand-mère « c’est important de s’occuper des morts qu’on aime ». On peut donc évoquer le défunt, parler des moments heureux, faire des albums photos, mettre une image du défunt ou un objet qui lui était cher chez soi. Ou encore aller au cimetière fleurir la tombe ou simplement prendre un moment pour y penser le jour de sa date d’anniversaire ou de l’anniversaire de son décès.

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deuil, psychologie : des roses se fanent

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Quand doit-on consulter un professionnel ?

Pour faire son deuil et exprimer toutes ses émotions librement et le plus justement possible par rapport à notre ressenti on a souvent besoin de quelqu’un. On a besoin d’être écouté, entendu, accompagné avec empathie par une personne ou un groupe qui soit sécurisant et à l’écoute².

Cependant il est vraiment important de consulter un professionnel (médecin généraliste, psychologue, psychiatre) si on a l’impression de « perdre pieds » c’est à dire si l’angoisse est trop vive, la souffrance trop intense, les nuits trop courtes…Chacun saura définir quand c’est « trop » pour lui, et surtout il n’est jamais inutile ou exagéré de consulter même s’il s’agit d’une souffrance « normale ».

Ainsi, selon le Dr Alain Sautereau, trois critères nécessitent de consulter :

1- l’intensité de la souffrance : si l’endeuillé est terrassé par l’angoisse où les crises d’angoisses se succèdent. S’il est épuisé ne parvenant pas à trouver le sommeil. Et s »il abuse de toxiques tel que l’alcool.

2-les comportements qu’entraîne cette souffrance : s’il ne peut plus prendre soin de lui ou de ses proches (se laver, se faire à manger, prendre soin de ses enfants).

S’il ne peut plus travailler ou étudier même si quelques jours d’arrêt de travail pour un adulte ou une chute des résultats scolaires durant quelques mois pour un enfant sont possibles.

Et évidemment si des idéations suicidaires sont présentes.

3- la durée anormale de cette souffrance au delà d’un an mais surtout de 2 ans doivent amener également à consulter.

Toutefois, et même si aucun de vos symptômes ne figurent dans ces critères, il peut être bon de consulter étant donné que les obligations sociales nous pressent souvent de reprendre nos habitudes et ne respectent pas le temps du deuil. Or cela peut freiner et enrayer la fluidité du processus de deuil, ce qui est préjudiciable.

Il est donc important de trouver un lieu sécurisant où l’on pourra exprimer son chagrin librement et évoquer sa relation au défunt sans que cela paraisse incongru, c’est là le rôle du psychothérapeute.

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Références

  1. Vivre après ta mort. Dr Alain Sauteraud
  2. Sortir du deuil. Anne Ancelin Schützenberger, Evelyne Bissone Jeufroy.
Cécile Blanchard
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