Il y a un an aujourd’hui, commençait le premier confinement. Depuis, le covid et les mesures de confinement ont eu un des conséquences sanitaires, économiques mais également psychologiques importantes.
Qu’est-ce que le confinement et les mesures de restriction des déplacements nous font vivre?
Anxiété, tristesse, lassitude : quels impacts ont-elles sur notre santé psychique et émotionnelle?
J’ai essayé d’apporter quelques éléments de réflexion à travers deux articles pour MediaSanté et Le Journal des femmes.
Confinement : un an après, lassitude et absence de perspective
Par Media Santé
.
Hausse des troubles anxieux, des cas de dépression, souffrance des étudiants, solitude des personnes âgées, violences intra-familiales… La santé mentale de toute la population française – et mondiale – en a pris un gros coup depuis un an. Pourtant, lorsqu’Emmanuel Macron a annoncé, le 16 mars 2020, le confinement strict du pays, « personne n’imaginait que 12 mois plus tard, la situation serait toujours aussi difficile », souligne Vincent Joly.
Aux restrictions des libertés individuelles, aux difficultés économiques et au manque de lien social s’ajoute une grande confusion. Confinement, déconfinement progressif, couvre-feu puis reconfinements partiels ou localisés… Les décisions successives, souvent prises au dernier moment, continuent d’« affecter notre santé mentale », assure le psychologue. « Beaucoup de Français ressentent une lassitude, une usure qui détruit leur capacité à se projeter, à désirer », poursuit-il. Et ce d’autant que l’on ne semble pas voir la fin de la pandémie, malgré la campagne de vaccination et les mesures de distanciation. Les perspectives restent floues, un an après le début de la pandémie.
.
Les mesures anti-Covid : la surcharge
« Certaines populations, dans les lieux de vie collectifs notamment, comme les étudiants en cité universitaire, les personnes âgées en Ehpad ou encore les personnes en détention, ont été – et sont pour certains encore – confrontés à une situation catastrophique du point de vue de la santé mentale », assure Vincent Joly. Mais en réalité tous les Français, à des degrés divers, souffrent de la situation. « Chacun avait déjà ses problèmes individuels avant le confinement », explique-t-il. Or « le contexte joue en quelque sorte le rôle d’une surcharge ou d’un handicap supplémentaire face aux difficultés personnelles. »
Tensions au travail, conflits de couple, maladie, parcours de PMA… de nombreux enjeux individuels ne parviennent pas à être résolus en raison du contexte pesant. Car psychologiquement, « les personnes concernées ont du mal à tout gérer », ajoute-t-il. D’autant que « la plupart sont forcés de vivre repliés sur leur couple ou leur famille nucléaire (parents-enfants). Ce qui peut conduire à des conflits ou à des tensions anxiogènes ».
.
Que faire pour traverser cette période difficile ?
Tout d’abord, « il est essentiel de reconnaître que les efforts collectifs et individuels demandés sont colossaux », souligne Vincent Joly. Car à la souffrance risque aussi de s’ajouter la culpabilité de mal faire. Selon le psychologue, il est important d’être indulgent avec soi-même et « de s’autoriser à utiliser les solutions qui fonctionnent émotionnellement pour soi ». Par exemple, « si regarder des séries vous fait du bien, ne vous privez pas sous prétexte que pendant ce temps vous n’avancez pas dans votre jardinage ». Jeux vidéo, lectures de bandes dessinées, jeux de société et même sucreries – avec modération – peuvent aussi apporter un baume à l’âme. « Car l’imaginaire, la fiction permettent de s’évader. » Mais surtout « évitez les chaînes d’information en continu, fortement anxiogènes », conclut-il.
.
A noter : en cas de forte anxiété, n’hésitez pas à consulter un professionnel, psychologue ou psychiatre, pour en parler.
Quelles sont les conséquences psychologiques de la covid sur les enfants?
Par Le Journal des Femmes
.
Symptômes dépressifs, repli sur soi, difficultés à se projeter, la pandémie de Covid-19 a aussi eu un impact sur les enfants. Vincent Joly, psychologue à Paris, nous explique comment cette période si particulière a affecté les plus jeunes. Des propos éclairés par une étude de Santé Publique France qui s’est intéressée à l’état émotionnel et à la détresse psychologique des jeunes.
.
Depuis un an, avec les confinements successifs, la fermeture des écoles, la suspension des activités ludiques et sportives, le port du masque rendu obligatoire dès six ans, les enfants ont eux aussi été touchés par les conséquences de la pandémie de Covid-19. Psychologue et psychothérapeute à Paris, Vincent Joly a constaté une hausse du nombre de ses consultations et un afflux de petits patients. Un phénomène qui s’explique à la fois par la pandémie elle-même, mais aussi par l’encombrement des centres médico-psychologiques et des structures de soins accueillant les enfants.
Le suivi des enfants interrompu par la pandémie
L’impact de la pandémie de Covid-19 sur les enfants revêt différents aspects. « Il y a bien sûr la Covid-19 elle même, lorsqu’une personne proche de l’enfant a été touchée par la maladie, ce qui reste rare malgré tout. Mais il y a surtout l’impact des mesures de confinement et des différentes mesures restrictives mises en place. », observe le psychologue. La désorganisation des structures d’accueil (Centres Médico Psychologiques, Centres Médico-Psycho-Pédagogiques, hôpitaux de jour etc.) mais aussi la fermeture des cabinets des psychiatres et psychologues libéraux lors du premier confinement a eu des conséquences dramatiques pour beaucoup d’enfants.
« Les structures de soins institutionnelles ont été quasiment mises à l’arrêt du jour au lendemain. Les assistantes sociales, les éducateurs, les psychologues ont dû interrompre totalement le suivi et les visites à domicile. L’organisation du système de soins est telle en France que les ARS (agences régionales de santé) ont été entièrement focalisées sur la question des approvisionnements en masques et des autres nécessités sanitaires, au détriment de tout le reste. », déplore le psychologue. Cette désorganisation institutionnelle a provoqué une rupture dans le suivi de ces enfants et adolescents. Comme nombre de ses collègues, Vincent Joly a tenté de maintenir le lien avec ses petits patients par téléphone, par mail ou en visio. « Cela n’a pas bien fonctionné et le suivi a été bien souvent été mis entre parenthèses. Ces conditions exceptionnelles rendaient difficile l’exercice de notre travail. Comment voulez vous faire une consultation en visio avec un enfant autiste de 8 ans ?« , interroge-t-il.
Pour aller plus loin:
Boris Cyrulnik : Réflexions d’un confiné
Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et psychanalyste, auteur de nombreux ouvrages sur la résilience, a partagé ses réflexions sur les effets des restrictions des libertés et de la menace de la maladie lors du premier confinement de 2020.
Dans cet entretien donné pour le site de la Maif, il questionne la place de l’angoisse liée à cette situation en fonction des âges de chacun. Il réfléchit également aux choix qui se proposent à nous pour imaginer l’avenir.
Christophe André : Psychologie pour temps de confinement
Le psychiatre et psychothérapeute, Christophe André apporte lui aussi son regard et ses réflexions sur la situation présente. Il s’intéresse à la manière de faire face au quotidien au stress et à l’anxiété généré par la menace de la maladie, les difficultés économiques et le confinement.
- mentions légales - 18 octobre 2022
- Aide à l’installation libérale - 18 juillet 2022
- Supervision, intervision, groupe d’analyse des pratiques, : quelles différences ? - 18 juillet 2022