Psychologue : Conseils pour l’installation libérale

Les étapes de l’installation libérale

Comment s’installer en libéral en tant que psychologue ? Que faut-il faire et dans quel ordre ?

Pour celles et ceux qui souhaitent ouvrir leur cabinet libéral, il n’est pas toujours facile de savoir comment s’y prendre.

Dans cet article, je vais réfléchir à la dimension pratique et concrète de l’installation libérale, car c’est souvent ce qui nous manque en tant que psychologue. Je vais donc volontairement laisser dans l’ombre les dimensions cliniques, thérapeutiques, transférentielles de la pratique libérale qui sont bien sûr essentielles mais qui nous auraient emmené trop loin.

J’ai découpé l’installation libérale en trois grandes étapes :

    • La préparation 
    • L’installation 
    • Les premiers mois qui suivent l’installation.

Ces étapes sont une sorte de modèle abstrait : Lorsque je me suis installé, j’ai construit mon projet de façon beaucoup moins organisé, en avançant par essai-erreur, sans trop savoir vers où j’allais, ni si j’allais pouvoir vivre de mon activité libérale. Ces réflexions correspondent donc à un travail d’élaboration dans l’après-coup de ce qu’auraient pu être les étapes d’une installation idéale, à partir de mon expérience, de celles de mes collègues et de mes lectures sur internet.

Je n’ai, bien sûr, pas la prétention de vous donner ici un modèle « parfait » qui fonctionnerait pour chacun quel que soit sa situation et son projet. Même s’ils sont écrits sous la forme de conseils, il s’agit plutôt de donner des repères, afin de vous aider à construire votre propre feuille de route vers l’installation libérale. N’hésitez donc pas à donner votre point de vue, vos conseils ou vos questionnements en commentaire.

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Bonne lecture

psychologue libéral écrit sur un bureau

Préalables à l’installation (6 mois- 1 an avant) : Clarifier son projet

L’installation en libéral est un long cheminement et il est assez risqué de partir à l’aventure sans avoir réfléchi, mûri son projet.

Avant de se lancer, une période assez longue d’incubation du projet est ainsi nécessaire. Il s’agit alors de mettre de l’ordre dans ses idées, de transformer l’envie, voire la rêverie en projet, de basculer de l’imaginaire à la réalité, tâche qui n’est jamais aisée.

Pour simplifier, on pourrait résumer cette période à quelques grandes questions :

      • Quoi ?
      • Où ?
      • Comment ?
      • Avec quel argent ?
      • Comment se faire connaître ?

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Quoi ? : Définir/ Clarifier son projet professionnel

La première question à se poser est de savoir ce que vous allez faire ? Être psychologue en libéral est un projet très vaste, très vague, qui a besoin d’être clarifié :

Que souhaitez-vous faire exactement ? : Quel type de thérapie(s) ? Pour quels patients ? Selon quelles modalités ?

Le travail de clarification du cadre thérapeutique est essentiel : combien de temps vont durer les séances, quels seront les indications principales, comment vont se dérouler les séances, etc.

Evidemment, il ne sert pas à grand-chose d’avoir un projet monolithique. Il est à peu près certain que les choses ne vont pas se passer comme prévu, que votre manière de travailler va évoluer, s’adapter et se transformer avec les patients. L’objectif est plutôt de clarifier son identité professionnelle, sa manière de travailler et de concevoir la thérapie.

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Où ? : Définir son lieu d’installation

Où allez-vous vous installer pour travailler en tant que psychologue en libéral ? Cette question en regroupe en réalité deux autres : Dans quelle ville ? Et dans quel type de cabinet ?

Ainsi, pour savoir où chercher à vous installer, vous pouvez commencer par faire une étude de marché. Elle va vous permettre de choisir la ville ou le quartier dans lequel il serait intéressant de s’installer, en fonction du nombre de psychologues déjà installés, du bassin de population, des transports, etc.

Vous devez aussi décider du type d’installation : Cabinet de groupe ? Cabinet individuel ? Installation à votre domicile ?

Durant la phase d’élaboration du projet, il n’est pas nécessaire d’avoir une réponse tranchée à ces questions. Il s’agit plutôt de réfléchir aux différentes possibilités et de partir sur quelques pistes (exemple : cabinet individuel ou cabinet de groupe en centre-ville) afin d’avoir une direction.

Comment ? : Connaître les démarches

Savoir comment s’installer correspond au fait de connaître les démarches juridiques, légales et administratives pour s’installer.

Il existe différents statuts pour les psychologues et ils peuvent être plus ou moins adaptés à votre situation. Vous pouvez être auto-entrepreneur ou monter une sci, prendre un comptable ou un organisme de gestion… Les possibilités sont nombreuses.

Il s’agit souvent de questions que l’on connaît mal en tant que psychologues (nous n’avons pas été formés à ces aspects du travail durant nos études) et tout cela peut sembler un peu rebutant au premier abord. En réalité, ce n’est pas aussi compliqué que cela en a l’air car il ne s’agit pas de tout comprendre au droit ou à la gestion mais uniquement ce qui nous sera utile.

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Avec quel argent ? Réfléchir à son budget

J’y reviens souvent dans mes articles, mais la question financière est très importante lorsque l’on lance son activité. Souvent négligée, la question de vos revenus risque de plomber une activité pourtant bien pensée d’un point de vue clinique, ce qui serait très dommage.

Dans mes articles, j’ai abordé deux points qui me semblent très importants :

Comment tenir la première année ? 

Avez-vous suffisamment d’argent de côté pour passer le cap des premiers mois, durant lesquels on gagne souvent peu d’argent ?

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Votre projet est-il viable économiquement ? 

Une fois que vous aurez des patients, le rapport entre vos bénéfices et vos dépenses vous permettra-t-il de gagner suffisamment d’argent pour vivre de votre activité ?

N’hésitez pas également à vous renseigner sur les aides à l’installation. Certains dispositifs (l’accre par exemple) peuvent être très avantageux.

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Comment se faire connaître ?

Installer son cabinet et mettre une plaque en bas d’un immeuble ne suffisent évidemment pas pour se construire une patientèle. Savoir comment les patients vont connaître votre existence est donc une question essentielle. Si vous êtes un(e) thérapeute compétent(e) mais que personne ne vous connaît, vous n’aurez pas de patients, avouez que ce serait dommage…

Se faire connaître est donc une partie importante du travail du thérapeute en libéral, surtout les premières années. Il existe de nombreux moyens de le faire : rencontrer des professionnels ou des institutions, créer un site, imprimer des cartes de visite ou des dépliants présentant son activité, etc. Tous ne vous conviennent sans doute pas. A vous de trouver le moyen le plus cohérent et efficace de vous rendre visible et de vous constituer une patientèle.

psychologue conseil : une réunion

Les débuts de l’installation (quelques mois avant – quelques mois après) : Passer à l’action

Vous avez une idée claire de votre projet ? Vous savez dans quel quartier vous voulez vous installer et comment faire les démarches ? Il est temps de passer à l’action.

Franchir le Rubicon de l’installation libérale n’est pas toujours facile et vous risquez de vous sentir un peu livré à vous-même. Le risque est alors de passer son temps à procrastiner ou au contraire de s’agiter dans tous les sens de manière désordonnée (l’un n’exclut d’ailleurs pas l’autre…).

Il s’agit donc de mettre de l’ordre dans ses idées et d’organiser son installation. Vous êtes alors un peu comme le pilote face à son tableau de bord qui vérifie les différents paramètres qui vont lui permettre de décoller : démarches administratives ? Ok. Achat du matériel ? OK. Se faire connaître ? Ok, etc.

Voyons donc quelques-uns de ces paramètres :

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Vérifier le cadre légal

Les psychologues en libéral sont soumis à un certain nombre de lois et de règlements concernant leur pratique : règles concernant la sécurité, l’accessibilité du cabinet, obligation d’avoir une assurance, etc. Il est bien sûr important de vérifier que vous êtes en conformité avec la loi avant de recevoir vos premiers patients.

Pour vous aider à y voir plus clair, j’ai essayé de faire le point sur cette question dans un article :

Obligations légales du psychologue

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Faire les démarches administratives

S’installer nécessite également d’effectuer un certain nombre de démarches administratives, notamment en ce qui concerne le statut juridique.

Si vous avez suivi toutes les étapes dont j’ai parlé, vous savez déjà quel statut choisir, il ne reste donc plus qu’à passer à l’action. Le statut d’auto-entrepreneur est le type de statut le plus souvent choisi par les psychologues libéraux. De ce point de vue, les démarches sont peu nombreuses et assez simples (en tous les cas, beaucoup plus simple qu’il y a une dizaine d’année). Ne vous inquiétez donc pas trop, même si vous êtes allergiques à la paperasserie, vous devriez vous en sortir.

Quelques articles pour vous aider dans vos démarches :

-un article du site Captain Contrat sur le statut d’auto-entrepreneur

-un outil en ligne du site « le coin des entrepreneurs » pour choisir son statut

-Un guide fait par l’Unapl

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Se faire connaître (suite)

Comme je le disais précédemment, le travail pour se faire connaître est essentiel. Après avoir réfléchi à la manière de construire votre patientèle, vous avez déjà dû commencer à vous mettre au travail.

Dans les mois ou les semaines qui précédent et suivent votre installation, vous devriez poursuivre cet effort. Étant donné que vous n’êtes pas spécialiste de la question, il serait normal que vous tâtonniez, que tout ne se passe pas comme prévu : telle institution qui devait vous adresser des patients, ne le fait pas, votre site internet ne ressemble à rien, etc. Je n’aurais qu’un seul conseil : ne vous désespérez pas et continuez même si cela ne paye pas tout de suite. Il s’agit d’un travail de fond. Se faire connaître est un marathon, pas un sprint.

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Acheter du matériel

Avant de vous installer, il sera sans doute nécessaire d’acheter un certain nombre de choses en fonction de votre pratique. Cela dépend également de votre mode d’installation. Si vous montez votre cabinet, par exemple, vous aurez tout à acheter.

Si possible, définissez un budget afin de ne pas acheter trop de matériel, de mobilier ou d’y consacrer trop d’argent.

Pour les psychologues pour enfants, quelques jouets (playmobils, jeux en bois, jouets en plastique..), crayons de couleurs, pâte-à-modeler constituent souvent une bonne base.

Pour les psychologues qui veulent faire passer des tests, l’achat de matériel peut s’avérer très onéreux. Si c’est possible, il vaut donc mieux commencer par les louer.

Si vous pensez acheter beaucoup de matériel et que vous payez des impôts, il peut être intéressant de vous installer en entrepreneur aux frais réels afin de déduire vos achats de vos revenus imposables.

D’une manière générale, il peut être utile de s’adapter au fur et à mesure, vous penserez peut-être à l’utilité de certaines médiations lors du travail thérapeutique avec les patients.

psychologue : les plans d'un cabinet

Une fois installés (quelques mois -1 an après l’installation) : Ne pas baisser les bras, améliorer les détails

Ça y est. Vous êtes installés : vous avez surmonté la paperasserie, vous avez envoyé des cartes de visite à des professionnels, vous êtes prêt… Reste le plus difficile (ou presque) : passer la première année.

En effet, même si vous avez tout préparé au mieux, le démarrage de l’activité peut s’avérer assez ingrat : les patients ne viennent pas, vous avez du temps pour vous remettre en question, pour douter, pour vous inquiéter…

Le début de l’activité libérale peut ressembler au départ d’un cycliste sur piste : il faut pousser fort sur les pédales et cela n’avance pas très vite. Il serait tout à fait normal que le jour de votre installation, les patients ne soient pas en train d’attendre devant votre porte. L’important est alors de ne pas tout remettre en question au bout de trois semaines, ou de ne plus rien faire, en attendant à votre bureau que le téléphone sonne.

Voici donc quelques conseils pour traverser le triangle des Bermudes de la première année.

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Que faire les premiers mois après l’installation ?

Continuez à vous faire connaître

Je vous le disais, se faire connaître est un travail de fond. Ce sera même certainement votre principale activité les premiers mois qui suivent votre installation. Continuez ce que vous avez déjà commencé à faire (envoyer d’autres cartes visites, appeler d’autres structures, etc.). Réfléchissez également à d’autres manières de vous faire connaitre : avez-vous essayé de parler de votre activité sur les réseaux sociaux ? Vous êtes-vous inscrit sur les pages jaunes ? etc.

N’hésitez pas à consulter des forums ou à en parler autour de vous pour avoir de nouvelles idées.

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Ne pas rester seul

Le libéral est une activité solitaire, surtout si vous ne travaillez pas dans un cabinet de groupe. Même lorsque vous recevez des patients, vous êtes seuls avec vos interrogations cliniques ou votre contre-transfert. Cela peut être difficile, en particulier si vous avez peu de patients et que les séances ne se passent pas comme vous l’espéreriez. Le risque est grand alors de se mettre à douter de soi ou de s’agacer contre certains patients (qui ne viennent pas aux séances sans prévenir, qui n’ont pas de demande claire, etc.).

Il est donc très important de ne pas rester seuls : groupes de supervision, discussions informelles, associations de psychanalyse ou de psychothérapie… Il existe de nombreuses manières de penser sa pratique avec d’autres professionnels. Je pense que c’est particulièrement utile pour les psychologues libéraux, car nous n’avons pas d’institution à laquelle nous adosser.

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Se former

La formation continue est une part essentielle de notre profession. Travail personnel, formations, l’apprentissage du métier de psychologue est une tâche sans fin.

En tant que psychologue en libéral, vous cotisez à l’Urssaf et avez donc le droit de faire des formations (à hauteur de 560€ par an) comme je l’explique dans cet article.

N’hésitez donc pas à continuer à vous former, que ce soit sur le plan clinique ou sur d’autres domaines (fiscalité, informatique, etc.)

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Que faire au bout de 6 mois/1 an ?

Au bout d’un certain temps, disons six mois – un an, il peut être intéressant de faire le point sur votre activité : Est-ce que vous voyez déjà plusieurs patients par semaine ? Est-ce que vous arrivez à vous verser un salaire ? Est-ce que les thérapies se passent « bien » ?

Avec un peu de chance (et grâce, je l’espère, aux conseils de cet article) tout se passe comme vous l’espériez : les patients viennent, vous pouvez vous centrer sur la clinique et sur les thérapies tout en vous dégageant un salaire. Une situation heureusement assez fréquente.

Toutefois, dans certains cas, il y a peut-être quelques ajustements à faire. Peut-être que certaines dimensions de votre projet ont déjà évolué (le type de thérapie, le type de patients, etc.) ? Peut-être faites-vous face à certaines difficultés que vous n’aviez pas envisagé au départ (le cabinet est trop loin des transports en commun, ou le style ne correspond pas à votre pratique, etc.) ? Peut-être que les patients ne sont pas assez nombreux ou ne reviennent pas ?

Le plus souvent, le risque est alors d’agir avec excès : soit ne rien faire, soit tout laisser tomber. Pourtant, certains ajustements parfois mineurs peuvent souvent suffire à rendre viable une activité libérale qui semblait mal embarquée.

psychologue : une femme cherche des infos sur internet

Conclusion : l’installation libérale ou l’art du tâtonnement

Pour conclure, l’activité libérale nécessite des compétences dans un grand nombre de domaine que nous ne sommes pas supposé maîtriser : gestion d’un budget, organisation pratique, droit, connaissances administratives. Il est presque impossible que vous maîtrisiez tous ces domaines à la perfection au bout de quelques mois. N’hésitez donc pas à demander conseils ou de l’aide autour de vous pour vous faciliter la tâche face à certaines difficultés.

Au vu de notre formation, en tant qu’entrepreneur, nous sommes des « sujets supposés ne pas savoir ». Le plus souvent, vous apprendrez donc par essai-erreur, en vous trompant ou en perdant du temps sur des détails. Le tâtonnement est donc la forme d’apprentissage « normale » mais souvent paradoxalement passionnante de l’activité libérale.

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Bonne installation

vincent Joly
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Résumé
Psychologue : Conseils pour l'installation libérale
Nom de l’article
Psychologue : Conseils pour l'installation libérale
Description
Comment s'installer en libéral lorsqu'on est psychologue? Quels sont les étapes à respecter? Gérer son budget, se faire connaître, ne pas se décourager... Voici mes conseils à partir de mon expérience de psychologue.
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