Le trouble panique

Si les crises d’angoisses sont très communes et passent le plus souvent d’elles-mêmes, elles peuvent déboucher sur un des troubles anxieux les plus fréquents : le trouble panique.

Souvent banalisé par l’entourage, rationalisé ou caché par les personnes qui en souffrent, le trouble panique peut pourtant être cause d’une souffrance très importante.

Nous allons donc essayer dans cet article de mieux comprendre les causes de ce trouble psychologique et ce qu’il est possible de faire pour en diminuer les manifestations.

trouble panique dessin

Qu’est-ce qu’un trouble panique?

Le trouble panique fait partie de la famille des troubles anxieux. Il se caractérise par des crises d’angoisse à répétition qui s’accompagnent d’une anxiété anticipatoire et de conduites d’évitement.

Le trouble panique correspond donc à l’association de trois phénomènes :
  • Des attaques de panique à répétition
  • Une peur importante que ces crises d’angoisse ne se reproduisent (on parle d’anxiété anticipatoire)
  • Des tentatives pour éviter tous les lieux ou situations susceptibles de causer une crise d’angoisse.

Symptômes du trouble panique

Comme on le voit, il est important de ne pas limiter les symptômes du trouble panique aux seules attaques de panique. Ainsi, dans le DSM-V, la classification internationale des troubles psychologiques, les symptômes d’une attaque de panique sont les suivants :

  1. Attaques de panique récurrentes et inattendues.
  2. Au moins une des attaques a été suivie par une période d’un mois (ou plus) de l’un ou des deux symptômes suivants :
    1. Crainte persistante ou inquiétude d’autres attaques de panique ou de leurs conséquences
    2. Changement de comportement significatif et inadapté en relation avec les attaques.

Ces symptômes ne sont pas liés aux effets d’une substance, d’une maladie somatique ou d’un autre trouble mental.

 

Attaques de paniques, anxiété anticipatoire, conduites d’évitement

Attaques de panique

L’attaque de panique, ou crise d’angoisse est un moment d’angoisse paroxystique. Son début est souvent brutal et sa durée est très variable, allant de quelques minutes à plusieurs heures.

Pour en savoir plus sur les crises de panique n’hésitez pas à consulter l’article consacré à cette question :

Voir mon article sur les crises d’angoisse

Anxiété anticipatoire

Les attaques de panique peuvent être très déstabilisantes et traumatisantes. Dans ce cas, surtout lorsque les crises d’angoisse ont tendance à se répéter, la personne va avoir tendance à devenir anxieuse. Elle repense constamment à ces moments d’angoisse et vit dans la crainte que d’autres attaques de panique ne surviennent.

Ce phénomène est nommé anxiété anticipatoire et associe souvent :

  • Des ruminations et réflexions autour des crises d’angoisse
  • Une hypervigilance aux sensations corporelles (qui risque malheureusement d’augmenter la fréquence des crises d’angoisse)
  • Des inquiétudes et des autocritiques aux sujet des crises (« ce n’est pas normal », « je ne devrais pas être comme cela », etc.)

Les conduites d’évitement

Les attaques de panique et l’anxiété vont avoir tendance à entraîner une série de stratégies, plus ou moins inconscientes, pour éviter la répétition des crises.

Les personnes vont peu à peu réorganiser leur vie autour de tentatives pour éviter toutes les situations associées aux crises, dans un mécanisme assez proche de celui de la phobie. Le problème c’est que ces stratégies d’évitement vont avoir tendance à restreindre la vie des personnes, à occuper une grande partie de leur réflexion et que, le plus souvent, elles ne diminuent pas la fréquence des crises.

Les personnes ont « peur d’avoir peur », pour reprendre une expression utilisée en thérapie stratégique. Comme pour tous les troubles anxieux, cette inquiétude va avoir tendance à faire tâche d’huile et prendre de plus en plus de place.

Un trouble fréquent

Les crises de paniques sont très fréquentes, certaines études considèrent qu’une personne sur trois aurait eu une crise de panique au cours de sa vie.

Le trouble panique est lui nettement plus rare mais concernerait près de 3% de la population ce qui en fait un des troubles psychologiques les plus fréquents. Si assez peu d’études épidémiologiques ont été réalisées en France, une enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes estimait que:

« 3,7 % des personnes âgées de 15 ans et plus ont souffert d’un trouble panique à un moment de leur vie ».

Les troubles paniques démarrent en moyenne à l’âge de 30ans et concernent d’avantage les femmes qui sont deux fois plus nombreuses que les hommes à souffrir d’un trouble panique.

trouble panique: question

Quels sont les causes du trouble panique?

Il existe de nombreuses théories pour tenter d’expliquer le sens et les causes du trouble panique notamment la psychanalyse, le cognitivisme et la neurologie.

Théories psychanalytiques

Angoisse et mécanismes de défense

Les psychanalystes se sont beaucoup interrogés sur l’angoisse mais dans une perspective plus vaste que la seule étude des symptômes.

Pour eux, l’angoisse dans le trouble panique donne l’illusion d’être liée à des phénomènes extérieurs, mais, en réalité, elle renvoie à des phénomènes internes. L’angoisse renvoie à des peurs, de scénarios internes angoissants (des fantasmes) ou à la reviviscence de moments douloureux, parfois très anciens.

L’angoisse n’est pas vue comme pathologique en soi. Le problème réside dans son intensité et dans l’importance qu’elle prend dans la vie de la personne qui souffre de trouble panique.

Pour la psychanalyse, tous les êtres humains cherchent à lutter contre l’angoisse à travers des « mécanismes de défense ». La crise d’angoisse survient lorsque les mécanismes de défense ne parviennent plus à endiguer l’angoisse.

Prenons un exemple un peu caricatural pour être clair (je pris mes collègues psychanalystes de bien vouloir m’excuser si je suis trop schématique…) :

Anna sent obscurément monter en elle un sentiment d’angoisse. Elle va alors décider de ranger sa chambre et de faire le ménage dans une certaine agitation (on parlera de défense « obsessionnelle ») puis décider de regarder Walking dead (la série mettant en scène de façon sublimée de fantasmes angoissants) et finit par appeler des amis pour leur dire qu’elle ne se sent pas bien. Elle ne fait pas de crise d’angoisse.

On le voit dans cet exemple, Anna arrive à se défendre contre son angoisse (évidemment, il s’agit de mécanismes inconscients non de choix délibérés).

A l’inverse, une personne qui fait une crise d’angoisse voit ses mécanismes de défense totalement débordés par l’angoisse qui déferle sur elle (sur son « moi ») comme une vague inarrêtable.

Ainsi, pour la psychanalyse, l’angoisse ne doit pas être comprise pour elle-même, mais en lien avec le fonctionnement psychique global de la personne et en particulier ses mécanismes de défense inconscients.

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Des mots qui manquent

Ensuite, l’angoisse n’est pas liée à une représentation claire. On sait qu’on a peur mais on ne sait pas très bien de quoi on a peur. Les psychanalystes diront que les affects (qui correspondent à peu près aux émotions) ne sont pas liés à une représentation. On peut ainsi comparer la phobie et le trouble panique :

Dans la phobie, la peur (l’affect) est liée à une représentation : j’ai peur des rats car j’ai peur qu’ils rentrent chez moi et viennent me dévorer.

Dans le trouble panique, la peur n’a plus de représentation. Elle ne donne pas lieu à un scénario clair comme dans l’exemple de la phobie. Dans le fantasme phobique il existe des personnages (moi et les rats), des lieux (ma maison, le grenier, la cave, etc.), des actions (les rats rentrent dans la chambre, ils me dévorent). Bref, on pourrait en faire un film.

A l’inverse, l’angoisse ne permet pas de réaliser un scénario de film cohérent : « j’ai peur de mourir », « j’ai l’impression d’étouffer », disent les patients qui souffrent de ce trouble. L’émotion est là, mais la représentation échappe.

Comme le dit Jacques Lacan: « l’angoisse est angoisse de l’innommable et elle surgit lorsque l’expérience ne peut être mise en mots »

Pour aller plus loin: Les mots du psy

Dans l’émission « les mots du psy », Stéphanie Torre, David Glaserman prennent l’exemple d’Alien pour expliquer la notion d’angoisse en psychanalyse.

L’émission est bien faite et concise (elle dure 5mn) et explique bien les théories psychanalytiques classiques.

Théories cognitivo-comportementales

Les comportementalistes se sont plus intéressés au déroulement de la crise d’angoisse en elle-même. Même si les psychologues aiment beaucoup les guerres de chapelle, il ne s’agit pas tant d’une théorie qui s’oppose à la psychanalyse que d’un autre regard.

Une erreur d’interprétation

Pour les cognitivistes, le trouble panique naît d’une mauvaise interprétation de symptômes corporels et des tentatives de s’en défendre. Cette « erreur » entraîne les patients dans un cercle vicieux où l’angoisse renforce l’angoisse.

Il y a donc selon eux deux dimensions :

La crise d’angoisse: qui naît d’une interprétation catastrophique de phénomènes corporels (cf. notre article sur les crises d’angoisse).

Des mécanismes d’évitement: pour ne plus revivre ces moments douloureux.

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« Le problème, c’est la solution »

Le problème c’est que les tentatives pour éviter la survenue des symptômes vont avoir tendance à les renforcer.

A vouloir prévenir les attaques de panique, on va chercher à écouter avec anxiété les moindres manifestations somatiques « anormales » (accélération du rythme cardiaque, sensations désagréables, etc.). Cette hypervigilance bien involontaire et naturelle va accroître le risque de déclencher une crise d’angoisse.

Ensuite, le fait de chercher à éviter les situations « à risque » renforce la croyance selon laquelle les crises de panique sont dangereuse : « elles sont terrifiantes, la preuve je fais tout pour les éviter », se dira la petite voix dans la tête qui échappe à la volonté.

Ainsi, dans les troubles paniques, « le problème c’est la solution ». Ce sont les tentatives pour lutter contre l’angoisse qui, paradoxalement renforcent l’angoisse. Tout le problème étant que ces « mauvaises solutions » (ces « biais cognitifs ») ne sont pas des choix volontaires mais des habitudes inconscientes, difficiles à changer.

Pour aller plus loin: 

« Comment ne pas être paralysé par l’angoisse et l’anxiété dans notre vie quotidienne? »

Si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet, la tête au carré, sur France Inter a réalisé une émission intitulée: « Comment ne pas être paralysé par l’angoisse et l’anxiété dans notre vie quotidienne? »

Leur plateau prestigieux (notamment Fabrice Midal, Gérard Bonet, Christophe André) permet de croiser les approches théoriques et les regards sur l’angoisse et l’anxiété.

Neurologie de l’angoisse

Les neurologues se sont quant à eux intéressés à la manière dont l’angoisse pouvait être perçue à travers l’observation du fonctionnement du cerveau. Parce que les choses seraient trop simples si tout le monde utilisait les mêmes mots, les neurologues parlent d’anxiété plus que d’angoisse (le terme est donc plus large et plus descriptif que celui d’angoisse).

Anxiété et cerveau reptilien

D’après leur recherches, l’anxiété active plusieurs zones du système limbique (un système qui est à l’interface entre le cerveau primitif, aussi appelé « cerveau reptilien », et le néocortex) et certaines zones corticales, notamment dans le cortex pré-frontal, qui sont aussi impliquées dans d’autres états émotionnels. L’anxiété active donc des aires cérébrales associées aux parts les plus anciennes de notre cerveau et à nos émotions.

L’anxiété va avoir tendance à augmenter la vigilance et l’attention mais elles resteront focalisées sur la source de danger potentiel (la « menace »).

Diminuer le sentiment de menace

Du point de vue comportemental, l’anxiété va soit nous figer, soit nous pousser à agir. Cette action prend parfois la forme d’une agitation sans but, ou d’une activité dite de dérivation (fumer, se ronger les ongles, regarder son téléphone, etc.), qui n’a pas tant pour but de diminuer la « menace » mais de réduire le niveau d’anxiété et le stress.

Explications neuro-évolutives

Au cours de l’évolution, la capacité de ressentir et d’exprimer des émotions comme l’anxiété ou la peur a pu être un avantage important. En effet, en permettant de prévenir d’un danger, ces émotions augmentaient les chances de survie de l’individu ou de son clan.

De nos jours, ces mécanismes sont moins utiles (nous risquons plus rarement d’être dévorés par un lion) et ont tendance à être suractivés par un mode de vie surstimulant, stressant ou anxiogène. La tendance à l’anxiété peut ainsi se retourner à notre désavantage et devenir source de souffrance.

 Source: « Lors d’une crise d’angoisse comment réagit notre cerveau »

Pour aller plus loin: la méthode scientifique

Si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet, la méthode scientifique, émission de vulgarisation scientifique sur France culture a consacré une émission à la peur et à l’angoisse.

Ils ont interrogé T.Bienvenu, chercheur en neurosciences, et C.Belzung, neuroscientifique, professeure à l’université de Tours.

L’émission est intéressante même si elle parle plus de la peur en général que du trouble panique en particulier. Les chercheurs expliquent les origines de la peur et les différences entre l’homme et l’animal. Ils parlent également du fonctionnement neurologique dans la peur et des différentes aires cérébrales impliquées dans ce mécanisme.

Test S.T.A.Y. : Évaluer son niveau d’anxiété

Le test de Spielberger (il s’agit plus exactement d’une échelle de mesure) cherche à évaluer l’état d’anxiété et les traits d’anxiété (sur le long terme). Il se divise donc en 2 échelles de 20 questions:

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1.Test d’état d’anxiété

2.Test de traits d’anxiété

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Remarque:

Comme pour tous les autres tests présents sur ce site, ces tests sont fournis dans un but uniquement informatif, ils ne doivent pas se substituer au diagnostic d’un professionnel.

trouble panique dessin

Hypnose, relaxation, méditation: des ressources pour vous aider à faire face à l’angoisse

Face à l’angoisse, certaines séances de relaxation ou de méditation proposés par des thérapeutes peuvent être d’un grand secours.

L’important dans ce cas, c’est de suivre son intuition. Certaines personnes seront plus sensibles à tel ou tel type de voix, à telle méthode.

J’ai donc sélectionné ici quatre vidéos qui me paraissent à la fois efficaces et différentes les unes des autres.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires vos propres conseils sur la question.

Hypnose: Benjamin Lubszynski

Hypnose: Patricia d’Angeli

Dans cette vidéo, le psychologue Benjamin Lubszynski déploie une série d’inductions qui, si elles sont répétées régulièrement,  aident à diminuer l’intensité des crises d’angoisse.

La psychothérapeute mène quant à elle une hypnose sous une forme légèrement différente (thérapie humaniste et symboliste). Il s’agit « d’un voyage vers votre Enfant Intérieur, source des émotions qui assaillent les personnes souffrant d’anxiété, de crises d’angoisse, ou qui vivent des peurs sans fondement concret. »

Relaxation: Adam stress solution

Sophrologie: Delphine Bourdet

Une séance de relaxation issue de la chaine Adam Stress solution, qui contient de nombreux exercices et relaxations guidées pour lutter contre l’angoisse et l’anxiété

Dans cette vidéo, la sophrologue Delphine Bourdet présente des exercices pratiques qui ont pour but de vous aider à mieux contrôler le déclenchement d’une crise de panique, dès les premiers symptômes.

Mieux vivre avec le stress et l’anxiété:  Programme de Self-help

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Les programmes de Self-Help, c’est-à-dire les méthodes qui aident des personnes à travers une série d’exercice, sont très peu développés en France. Les troubles anxieux sont un des rares troubles pour lequel j’ai trouvé de telles ressources en ligne.

Même s’ils ne peuvent se substituer à une thérapie, ces programmes peuvent être utiles pour aider les personnes qui ne peuvent ou ne souhaitent pas consulter pour le moment. Ils peuvent aider à mieux comprendre ses difficultés et à se rendre compter qu’il est possible d’avoir une action sur leur retentissement.

Le programme intitulé « Mieux vivre avec le stress et l’anxiété » a été réalisé par le Dr Versaevel et les équipes soignantes des services du Dr Lajugie (Centre Erasme d’Armentières) et du Dr Verlhac (EPSM de Saint venant).

Consulter le document

Consulter un psychologue sur Paris

Si vous souffrez d’un trouble panique ou de crises d’angoisse à répétition, il est important de demander conseil à un professionnel.

Si vous habitez à Paris, un psychologue de Psy@Paris peut vous recevoir que ce soit pour une consultation ou pour entamer un psychothérapie.

Sources et bibliographie:

-Articles

Birraux Annie, « Chemin faisant avec l’angoisse », Enfances & Psy, 2009/1 (n° 42), p. 18-27

Oliveira dos Santos Luciana, « Problématisation de l’apparition du trouble panique en psychiatrie », Nouvelle revue de psychosociologie, 2017/2 (N° 24), p. 81-92

-Ouvrages

Kapsambelis Vassilis, L’angoisse. Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2017, 128 pages

Amar, Nadine, Annick Le Guen, et Agnès Oppenheimer. Angoisses : pluralité d’approches, PUF, 1997

Jean-Luc Emery, Vaincre le trouble panique et l’agoraphobie, Surmontez vos peurs, Odile Jacob, 2008

-Chapitre d’ouvrages

Winnicott D. W. (1952), L’angoisse associée à l’insécurité, in De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris, Payot, 126-130.

Boulenger Jean-Philippe, Capdevielle Delphine, « Attaques de panique, trouble panique et agoraphobie », dans, Les troubles anxieux, Cachan, Lavoisier, « Psychiatrie », 2014, p. 144-154.

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