Phobie sociale

 

Phobie sociale

 Qu’est-ce que la phobie sociale?

La phobie sociale, ou « anxiété sociale », est un trouble anxieux.

La phobie sociale est une peur intense des situations dans lesquelles il faut faire face au regard des autres. Cette peur devient rapidement une angoisse profonde. Ainsi, le fait de devoir prendre la parole devant un groupe ou d’être observé par des personnes inconnues suscite une angoisse profonde.

Comme je l’explique dans l’article à ce sujet, la phobie sociale ne doit pas être confondue avec l’agoraphobie: dans l’agoraphobie porte d’abord dans le rapport aux lieux ou à l’espace, dans la phobie sociale, c’est la relation sociale qui génère de l’angoisse.

Face aux autres, la personne qui souffre de phobie sociale a peur d’être jugée et d’agir de façon humiliante ou embarrassante. Cette phobie est particulièrement handicapante car elle risque de faire tâche d’huile : on risque de s’isoler de plus en plus afin d’éviter les situations sociales angoissantes.

Du point de vue du comportement, la phobie sociale s’apparente à une timidité extrême et pathologique ayant un impact important sur les sphères sociales, familiales ou professionnelles.

Les personnes qui souffrent de ce trouble sont conscientes de ce trouble et de son caractère irrationnel (il ne s’agit pas de croyances délirantes) et ont souvent une faible estime d’elles-mêmes. Elles ont également tendance à cacher l’ampleur de leurs difficultés à leur entourage et à vivre leur trouble avec honte. Néanmoins, et c’est un des grands problèmes de ce trouble psychologique, du fait même de leur phobie, elles ont tendance à ne pas consulter par honte et par peur du jugement que des soignants pourraient porter sur elles.

 

Anxiété normale et pathologique

L’anxiété sociale n’est pas pathologique en soi et la peur du jugement d’autrui est un phénomène normal. C’est l’ampleur que prend l’anxiété dans la phobie sociale qui est pathologique. Selon les milieux sociaux ou les cultures, l’anxiété sociale pourra également être perçue comme plus ou moins pathologique ou vécue avec plus ou moins de souffrance.

Le diagnostic de phobie sociale est donc lié au vécu de la personne : Est-ce que l’anxiété sociale entraîne une grande souffrance ? Est-ce qu’elle a un impact majeur sur la vie de l’individu ? Comme l’explique, le Pr Antoine Pelissolo, psychiatre à l’hôpital La Pitié-Salpêtrière : « Il y a aussi une échelle de temps qui est importante. Combien de temps à l’avance ça me gêne avant un rendez-vous, une réunion importante ? Si on y pense pendant quinze jours avant, si ça empêche de dormir, si ça perturbe pendant et qu’on y pense ensuite pendant quinze jours, c’est qu’il y a un problème. Quand on est gêné la veille ou cinq minutes avant, c’est le trac et ça passe, on est plutôt dans la timidité simple » (voir l’article sur Allodocteur)

Toutes ces questions sont essentielles pour éviter de rentrer dans des schémas normatifs et établir un véritable diagnostique.

Symptômes de la phobie sociale

On peut décrire la phobie sociale à travers une série de critères diagnostiques (ici ceux du manuel de psychiatrie DSM-5)

  • La peur : Une anxiété importante d’une ou de plusieurs situations sociales dans lesquelles la personne est exposée à l’observation possible d’autres personnes.

  • Le regard des autres : La crainte de se comporter en public d’une manière humiliante ou embarrassante et d’être l’objet de rejet ou de moqueries.

  • L’évitement : Les situations sociales sont évitées ou endurées avec une peur ou une anxiété intense.

  • Le caractère excessif : La peur ou l’anxiété est disproportionnée par rapport à la menace réelle posée par la situation sociale et au contexte socioculturel.

  • La durée : La peur, l’anxiété ou l’évitement durent depuis 6 mois ou plus.

  • La souffrance : La peur, l’anxiété ou l’évitement entraînent une souffrance importante ou ont un effet important sur la vie de la personne

  • Diagnostique différentiel :La peur n’est pas liée aux effets d’une substance, d’une maladie ou d’un autre trouble psychologique.

Remarque :

J’ai ré-écrit les critères diagnostiques pour les rendre plus lisibles, pour avoir les intitulés exacts vous pouvez consulter l’article de Psychomedia.

L’évitement

À cause de sa peur et de son anxiété, la personne qui souffre de phobie sociale va avoir tendance à éviter les situations où elle doit se produire en public ou être exposée au regard ou au jugement des autres.
Cette stratégie d’évitement, fréquente dans les phobies, peut finir par devenir un problème en soi. Certes, l’évitement de certaines situations réduit l’anxiété à court terme, mais la recherche de ce soulagement ne fait qu’accentuer l’évitement à long terme, créant un cercle vicieux : plus on évite ce qui fait peur, plus on se referme sur soi, et plus on se referme sur soi, plus la peur augmente. La personne n’arrive plus alors à «sortir de sa coquille» et perd peu à peu l’espoir que la situation s’améliore.

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Le trouble panique

A l’inverse de l’évitement, les situations sociales anxiogènes lorsqu’elles ne peuvent être évitées peuvent déclencher des crises d’angoisse et déboucher sur un trouble panique.

Pour en savoir plus sur le trouble panique n’hésitez pas à consulter mon article à ce sujet. De nombreux conseils concernant la gestion de l’angoisse peuvent également être utiles pour les personnes souffrant de phobie sociale.

Anxiété de performance et anxiété d’interaction

L’anxiété sociale regroupe en réalité deux types différents d’anxiété :

  • L’anxiété de performance : Elle renvoie à la réalisation d’une tâche en public

  • L’anxiété d’interaction sociale : Elle est liée à des situations de communication sociale (en particulier les situations dans lesquelles on peut se sentir évalué)

Selon les personnes l’anxiété portera plus spécifiquement sur l’une ou l’autre de ces deux dimensions.

PERFORMANCE

INTERACTION SOCIALE

Téléphoner en public

Parler à des gens qui détiennent une autorité 

Participer au sein d’un petit groupe

Aller à une soirée

Manger dans un lieu public 

Contacter par téléphone quelqu’un qui ne vous connaît pas très bien

Boire en compagnie dans un lieu public 

Parler à des gens que vous ne connaissez pas très bien

Jouer, donner une représentation ou une conférence

Rencontrer des inconnus

Travailler en étant observé

Être le centre d’attention

Écrire en étant observé

 Exprimer son désaccord ou sa désapprobation à des gens que vous ne connaissez pas très bien

Uriner dans des toilettes publiques

Regarder dans les yeux des gens que vous ne connaissez pas très bien.

Entrer dans une pièce alors que tout le monde est déjà assis

Essayer de draguer quelqu’un

Prendre la parole à une réunion

Rapporter des marchandises dans un magasin

Passer un examen

Donner une soirée

Faire un compte rendu à un groupe

Résister aux pressions d’un vendeur insistant

 

Un trouble psychologique sous-évalué

Comme pour les tocs, on a longtemps sous-évalué la prévalence de la phobie sociale. En réalité, c’est un trouble assez fréquent mais pour lequel les personnes consultent rarement. En effet, la phobie sociale est souvent associée à de la honte ou à la peur de ne pas être pris au sérieux.

En France, il manque des études épidémiologiques précises sur ce trouble. La Haute Autorité de Santé estime qu’entre 1,7% et 4,7% de la population adulte serait concernée. Ces chiffres très flous sont liés à la différence des critères retenus selon les études.

Aux Etats-Unis, une enquête menée en 1994 auprès 8000 personnes en faisait le troisième trouble psychologique le plus fréquent derrière la dépression et l’alcoolisme. Même si ces chiffres sont sans doute à relativiser, ils soulignent bien que de très nombreuses personnes souffrent de phobie sociale.

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Quelques chiffres et informations

  • Début des troubles : La phobie sociale débute le plus souvent au début de l’adolescence entre 10 et 13ans

  • Un trouble qui touche d’abord les femmes : D’après les études statistiques, les femmes seraient deux fois plus souvent touchées par ce trouble que les hommes

  • Un impact sur la réussite professionnel: De manière assez logique, les études statistiques tendent à montrer que les personnes souffrant de phobie sociale réussissent moins bien dans les études et obtiennent des postes moins bien rémunérés que le reste de la population.

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Phobie sociale, troubles anxieux et dépression.

La phobie sociale est souvent associée à d’autres pathologies psychiatriques. Deux tiers des personnes qui souffrent de phobie sociale souffrent également d’un autre trouble psychologique.

  • 50% souffrent d’un autre trouble anxieux (toc, phobie simple, trouble anxieux généralisé…)

  • Entre 40 et 50% connaissent un épisode dépressif.

Test pour la phobie sociale

Ce test basé sur 14 items est issu de l’ouvrage, La Peur des autres, de C.André et P.Légeron. Il a été mis en ligne par le site Phobiesociale.org.

Faire le test

Remarque:

Comme pour tous les autres tests présents sur ce site, ces tests sont fournis dans un but uniquement informatif, ils ne doivent pas se substituer au diagnostic d’un professionnel.

Consulter sur Paris

Si vous souffrez de phobie sociale, il est important de demander conseil à un professionnel.

Si vous habitez à Paris, un psychologue de Psy@Paris peut vous recevoir que ce soit pour une consultation ou pour entamer une psychothérapie.

Pour aller plus loin:

In Between : comment se débarrasser d’un crocodile phobique social?

Dans ce petit film d’animation réalisé en 2012 par les studios Gobelin, une jeune femme est suivie partout par un crocodile qui représente son anxiété sociale. Comme il lui empoisonne sa vie, elle tente par tous les moyens de s’en débarrasser. Mais peut-être est-il possible de faire la paix avec lui?

Sources et bibliographie:

  • Assoun PL., Leçons psychanalytiques sur les phobies,Economica ; 2005.
  • Christophe André, Patrick Légeron, La Peur des autres, Odile Jacob, 1995.
  • Diamantis I., Les phobies ou l’impossible séparation,Flammarion, 2009.
  • Jean Tignol, La phobie sociale, Phase 5,
  • Kestemberg E., De la « phobie du fonctionnement mental » ,PUF, 2001.

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