Les crises d’angoisse

La gorge qui se serre, un sentiment d’étouffement ou d’écrasement dans la poitrine, l’impression que l’on va mourir. La crise d’angoisse renvoie à un moment extrême lors duquel on se sent perdre pieds.

Si vous êtes sujet à des crises d’angoisse et que vous en parlez à des proches, il est possible que le sujet soit banalisé : « ce n’est rien », « c’est dans la tête », « il faut penser à autre chose ». La tentation est grande alors de chercher à régler le problème soi-même. Pourtant les crises d’angoisse lorsqu’elles sont récurrentes sont à prendre en considération car elles peuvent être très douloureuses à vivre. Il est toujours possible d’agir afin qu’elles prennent moins de place dans votre vie.

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Qu’est-ce qu’une crise d’angoisse ?

La crise d’angoisse ou attaque de panique est une des manifestations possibles des troubles anxieux. Il s’agit d’une crise d’angoisse aiguë, souvent très déstabilisante pour les personnes. Elle survient de façon brutale et peut durer de quelques minutes à quelques heures. Lors d’une crise d’angoisse, la personne ressent une très grande peur, le plus souvent sans objet précis (on parle donc plutôt d’angoisse), une sensation de danger immédiat et des sensations physiques désagréables (palpitation, sueurs, tremblements, sensations douloureuses dans le ventre ou la gorge, etc).

Quelle différence entre peur et angoisse

La peur se définit comme la crainte d’une chose ou d’une situation précise. Elle est rattachée à un objet. Cette peur peut être rationnelle (avoir peur d’avoir un accident de voiture si l’on conduit ivre par exemple) ou plus irrationnelle (la peur des insectes, la peur de la nuit, etc.).

A l’inverse, l’angoisse a des contours plus flous. C’est une peur sans objet. Une menace, un danger semble sur le point de se manifester mais ce danger est impossible à nommer. En ce sens, plus que la peur, l’angoisse échappe aux mots. Il est donc plus difficile d’en parler ou de se la représenter. Cela explique que l’angoisse s’accompagne souvent d’un sentiment de solitude.

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Crise d’angoisse et angoisse diffuse

Il est important de distinguer la crise d’angoisse qui survient brutalement, du sentiment d’angoisse diffuse.

La crise d’angoisse, dans la majorité des cas, voit son intensité croitre rapidement. Les sensations physiques de mal-être et les ruminations angoissées vont s’amplifier assez vite. Sa durée est variable et l’élément déclencheur est le plus souvent repérable (une situation, une difficulté, une épreuve, un moment de l’année ou de la journée, etc.)

A l’inverse, le sentiment d’angoisse diffus est présent plus longtemps et plus à bas bruit. Parfois la personne est à peine consciente de son angoisse. Dans ce cas l’angoisse se perçoit dans les mécanismes que la personne met en place pour se défendre contre le sentiment d’angoisse diffus (évitement, activités compulsives, symptômes divers…).

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Le Cri, d'Edgar Munch, 1893
Le Cri, Edgar Munch, 1893

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Les crises d’angoisses en chiffres

On considère qu’entre 1,5 et 3 % de la population est concernée par les attaques de panique. Les adolescents et les jeunes adultes sont les plus touchés. A l’inverse, les crises d’angoisse deviennent plus rares après 65ans.

  • Les femmes sont nettement plus sujettes aux crises d’angoisses que les hommes et ont 3x plus de risques de faire une attaque de panique.
  • Les crises d’angoisses sont souvent un symptôme familial : les personnes dont un membre de la famille souffre de crise d’angoisse ont jusqu’à 8 fois plus de risque d’en faire également.
  • C’est un événement particulier qui, dans la majorité des cas, déclenche la première crise d’angoisse : Plus des trois quarts des personnes associent leur première attaque de panique à un événement particulier (deuil, rupture, difficulté de vie, etc.)
  • Les crises d’angoisses sont souvent en lien avec un trouble anxieux. Ainsi entre un tiers et la moitié des personnes qui font des attaques de panique souffrent également d’agoraphobie.

Les statistiques permettent de définir schématiquement un profil-type de la personne souffrant de crise d’angoisse : il s’agit d’une femme dont d’autres membres de la famille ont également souffert de ce trouble, confrontée à un événement de vie stressant et qui souffre également d’un trouble anxieux.

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Symptômes

Il n’existe pas une seule forme de crise d’angoisse. Son expression varie selon les cultures ou les époques. Pour ne donner qu’un exemple, la crise de spasmophilie, qui peut être interprétée comme une forme d’attaque de panique, était un symptôme plus fréquent il y a une vingtaine d’années.

La liste des symptômes ci-dessous décrit donc les symptômes les plus fréquents mais elle n’est pas exhaustive.

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Les symptômes de la crise d’angoisse

Symptômes physiquesSymptômes psychologiques
Palpitations cardiaquesSentiment de perdre le contrôle
Sensation d’étouffement, difficultés pour respirerPeur de mourir
Maux de têtePeur de devenir fou
Sueurs, bouffées de chaleurAngoisse intense et irraisonnée
Douleur au ventre (en particulier la zone du plexus solaire), nauséesSentiment d’irréalité ou de dépersonnalisation
Engourdissements ou picotements 
Problèmes intestinaux 
Sensation de vertige, d’évanouissement 

Un exemple de crise d’angoisse: Manahattan Murder Mystery de Woody Allen

Dans ce film de 1983 le personnage fait une crise d’angoisse dans l’ascenseur. Je n’ai pas de version en français mais vous pouvez activer les sous-titres en anglais:

Qui sont les personnes les plus à risque?

Comme nous l’avons vu, nous ne sommes pas tous égaux face aux crises d’angoisse et certaines personnes sont plus à risque. On peut ainsi définir 6 facteurs de risque principaux :

  • Devoir faire face à des situations difficiles (voir l’article sur le surmenage)
  • Avoir vécu un ou des événements traumatiques
  • Avoir un parent proche ayant déjà eu des attaques de panique
  • Souffrir d’un trouble anxio-dépressif
  • Souffrir d’une dépendance à un produit (alcool, cannabis, médicaments)
  • Souffrir d’une maladie cardiaque

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Quelles sont les causes des attaques de panique ?

On peut expliquer les crises d’angoisse à travers trois grands paramètres : l’environnement relationnel, la psychologie individuelle, des mécanismes physiologiques.

Causes relationnelles

Pour expliquer l’origine des crises d’angoisse, on peut reprendre le modèle de la contenance émotionnelle développé par W.Bion.

Lorsqu’un événement stressant survient, la personne qui y fait face a besoin de se sentir rassurée par son environnement social (sa famille, ses amis etc.). L’émotion fonctionne comme un signal pour le groupe et permet aux autres de la contenir, les groupes étant particulièrement efficaces pour porter des émotions.

A l’inverse, une personne qui tente de faire face, seule, à des événements stressants ou angoissants risque d’être saturée par l’émotion. Cette saturation émotionnelle risque de se décharger sous forme de crise d’angoisse ou de produire des symptômes anxio-dépressif dans lesquels la personne cherche à se protéger de l’émotion douloureuse.

Une fois le mécanisme de la crise d’angoisse « appris », il risque de se répéter surtout s’il est lié non pas à un événement exceptionnel mais à un modèle relationnel, dans lequel la personne se sent seule ou porte l’inquiétude de ses proches.

Il est donc particulièrement important de ne pas chercher à régler seul ses crises d’angoisse (ceci est d’ailleurs valable pour tous les troubles anxio-dépressifs). En exagérant à peine, on pourrait définir un trouble anxieux comme l’expression d’une tentative de régler seul des problèmes émotionnels. Il est donc important d’aller contre cette tendance et de chercher autour de soi des personnes rassurantes.

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Causes psychologiques

La psychologie individuelle permet également d’expliquer les crises d’angoisse. Dans la plupart de cas les crises d’angoisse, lorsqu’elles sont récurrentes s’expliquent :

  • soit par un conflit interne entre un désir et un interdit à propos d’une situation (il s’agit là de l’hypothèse freudienne classique).
  • soit par un traumatisme dont le souvenir douloureux est revécu douloureusement dans certaines situations.

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Causes physiologiques

Dans son déroulement, la crise d’angoisse renvoie à certains mécanismes appris par le corps qui vont avoir tendance à se renforcer au fur et à mesure du temps.

Dans la plupart des cas, l’angoisse est liée à une hypervigilance et une attention trop soutenue à certaines sensations physiques : battements cardiaques, sensation de chaleur, ou de serrement dans la gorge. Ces sensations sont perçues comme « anormales ». Elles vont entraîner une inquiétude et une attention encore plus grande au corps. La respiration va avoir tendance à devenir plus rapide, moins harmonieuse et la crise d’angoisse va avoir tendance à s’amplifier.

Comme on le voit, la crise d’angoisse peut être expliquée par un environnement peu contenant émotionnellement, dans lequel une personne, lorsqu’elle fait face à une difficulté émotionnelle va avoir tendance à développer des mécanismes physiologiques qui vont avoir tendance à faire augmenter l’angoisse.

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Complications éventuelles

Rappelons-le : dans la majorité des cas, les attaques de panique n’entraînent pas de complications particulières. C’est particulièrement vrai lorsque l’angoisse est liée à un événement particulier (un événement de vie, une situation très angoissante, etc.). Ainsi dans un grand nombre de cas, les attaques de paniques vont avoir tendance à disparaître avec le temps sans qu’il y ait besoin de recourir à l’aide d’un professionnel.

Dans d’autres cas, les crises d’angoisses vont continuer à se manifester sporadiquement mais de manière moins fréquente.

D’après les études statistiques, ces deux types d’évolutions favorables sont les plus fréquentes (presque 75% des situations).

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De l’attaque de panique au trouble panique

Néanmoins, dans plus d’un quart des cas, les crises d’angoisse risquent de se chroniciser si elles ne sont pas prises en charge.

Les attaques de panique vont être de plus en plus fréquentes et les symptômes vont avoir tendance à s’amplifier.

Face à cette aggravation, les personnes risquent de mettre en place des conduites d’évitement et de fuir toutes les situations risquant de conduire à une crise d’angoisse.

On parle alors d’un trouble panique, c’est-à-dire de l’association entre des crises d’angoisse, une anxiété anticipatoire et des conduites d’évitement.

Voir mon article sur  le trouble panique

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Comment prévenir les crises d’angoisse?

Conseils

Les symptômes de l’attaque de panique pouvant ressembler à ceux d’une pathologie grave, il est toujours utile de commencer par consulter son médecin traitant afin d’écarter toute cause somatique (et de dissiper, un peu, les angoisses qui pourraient y être associées).

Ensuite, certains gestes simples peuvent permettre de diminuer les symptômes d’une attaque de panique:

    • Entourage: Comme nous l’avons vu, l’entourage est essentiel dans les troubles anxieux. Parler de ses angoisses à ses proches (ou à toute personne de confiance) permet de partager ses émotions, d’être rassuré ou simplement écouté et de ne plus porter, seul, le fardeau de son angoisse et de ses inquiétudes.
    • Environnement: L’environnement est également très important. S’isoler, diminuer les sources de stress ou d’anxiété le temps de permettre à l’angoisse de redescendre peut parfois être très utile.
    • Hygiène de vie: Certaines mesures d’hygiène simples peuvent aussi aider prévenir les crises d’angoisse : respecter des temps de sommeil suffisant (7-8 heures de sommeil par jour minimum), éviter l’alcool, la caféine, les boissons énergisantes, etc.
    • Relaxation: La pratique de la méditation ou de la relaxation est également conseillée pour prévenir les attaques de paniques et, plus généralement, tous les troubles anxieux.
    • Consulter: Demander conseil à un professionnel lorsque les crises d’angoisse deviennent un sujet de préoccupation quotidien ou interfèrent avec la vie courante.

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Deux vidéos d’auto-hypnose pour faire face aux attaques de panique

Si vous souffrez de crise d’angoisse, certaines vidéos présentes sur internet peuvent permettre de vous aider lorsque les crises surviennent. N’hésitez pas à enregistrer ces vidéos sur votre téléphone afin de pouvoir les écouter lorsque l’angoisse commence à monter.

L’auto-hypnose peut alors être assez utile puisqu’elle ne demande pas de faire quoi que ce soit de particulier (si ce n’est de se laisser aller, ce qui n’est pas toujours facile dans ces cas-là).

Comme toujours, n’hésitez pas à faire vos propres expériences, chaque personne sera réceptive à tel ton de voix, telle ou telle méthode pour se détendre.

Si d’ailleurs vous avez des enregistrements vidéos ou audios à conseiller n’hésitez pas à le faire en commentaire à la fin de cet article.

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Pour ma part, j’ai sélectionné ces deux vidéos, une avec une voix d’homme, une avec une voix de femme, et qui sont l’une comme l’autre très bien construites.

B.Lubszynski base son hypnose sur des comptages et s’appuie plus sur des sensations corporelles. P.d’Angeli fait plus appel à des visualisations, la musique de la voix et la poésie des mots.

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  • Benjamin Lubszynski

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  • Patricia d’Angeli

Consulter pour des crises d’angoisse sur Paris

Si vous souffrez régulièrement de crises d’angoisse, il peut être utile de consulter un professionnel.

Les premières séances permettront d’évaluer la gravité du symptôme et de réfléchir avec vous sur la nécessité d’un suivi psychologique.

Lorsqu’elle est nécessaire, une psychothérapie permet de faire le point sur vos vécus douloureux.

Sans chercher à se focaliser uniquement sur le symptôme mais sans l’oublier néanmoins, un psychologue va ouvrir un espace de confiance dans lequel il sera possible de parler de tout ce qui peut être cause d’angoisse. Les séances permettront aux angoisses et aux inquiétudes de ne plus être ce fardeau que l’on porte trop souvent seul dans la honte ou la culpabilité.

Si vous habitez à Paris ou à Aulnay-sous-Bois un psychologue de Psy@Paris peut vous recevoir afin de réfléchir avec vous au meilleurs moyens de faire face à cette angoisse.

Sources et informations complémentaires

-Articles

Birraux Annie, « Chemin faisant avec l’angoisse », Enfances & Psy, 2009/1 (n° 42), p. 18-27

Darrault-Harris Ivan, « L’angoisse, sa mise en discours », Enfances & Psy, 2009/1 (n° 42), p. 40-50

-Ouvrages

Kapsambelis Vassilis, L’angoisse. Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2017, 128 pages

Widlöcher D. (1987), L’attaque de panique : un nouveau concept ?, Château-du-Loir, Éd. Jean-Pierre Goureau, 1987.

-Chapitre d’ouvrages

Winnicott D. W. (1952), L’angoisse associée à l’insécurité, in De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris, Payot, 126-130.

Boulenger Jean-Philippe, Capdevielle Delphine, « Attaques de panique, trouble panique et agoraphobie », dans, Les troubles anxieux, Cachan, Lavoisier, « Psychiatrie », 2014, p. 144-154.

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