L’étude des phobies : le cas du petit Albert par J.B. Watson

Présentation de l’expérience réalisée sur le petit Albert par John Broadus Watson

Le cas du petit Albert, réalisé en 1920 et présenté dans la vidéo ci-dessous, représente un des travaux les plus célèbres de J.B.Watson (mais également un des plus critiqué, vous comprendrez vite pourquoi). Le but de cette expérience était d’appliquer les récentes découvertes sur le conditionnement classique à l’étude de la peur chez un enfant de 11mois.

l'expérience du petit Albert: comprendre les phobies

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Description du protocole

1. Dans un premier temps, Watson présente à l’enfant une souris et constate que l’enfant n’en a pas peur. La souris constitue alors un stimulus neutre (SN).

SN (souris)–> RN (pas de pleurs)

2. Ensuite, le chercheur associe le stimulus neutre (la souris) à un bruit violent : le stimulus inconditionnel (SI) qui suscite une réaction de peur (Réponse Inconditionnelle) chez l’enfant.

SN (souris) + SI (bruit) –> RI (l’enfant pleure)

3. Watson répète cette opération plusieurs fois, jusqu’à ce que le stimulus neutre (appelé à présent stimulus conditionnel) entraine une réponse conditionnelle. En d’autres termes, l’enfant, qui a associé la souris et le bruit qui lui fait peur, pleure dès qu’il voit une souris. Cette peur va peu à peu se généraliser à l’ensemble des animaux.

SC (souris) –> RC (l’enfant pleure)

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L’expérience du petit Albert, une explication de l’origine des phobies?

Watson voit dans l’expérience réalisée avec cet enfant un moyen d’expliquer la naissance des phobies. En effet, à partir d’une expérience traumatique associant un stimulus neutre à un stimulus angoissant, le sujet va associer ce stimulus à la peur et développer une phobie. Par la suite, la phobie va se généraliser à l’ensemble des stimuli qui ressemblent au stimulus d’origine (il aura peur des souris puis de tous les animaux).

A cette première partie de l’expérience, Watson voulait en faire succéder une seconde qui avait pour but de désensibiliser le pauvre Albert de sa peur des animaux. Le problème est que la mère de l’enfant, constatant que son fils était devenu complètement phobique des animaux, décida d’arrêter cette expérience à l’éthique pour le moins questionnable, surtout pour le spectateur moderne.

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Qu’est devenu le petit Albert?

Mais alors, me direz-vous, qu’est-il arrivé à ce pauvre enfant? La question, pour le moins intéressante, est réapparue récemment. En effet, plusieurs psychologues se sont lancés dans une véritable enquête policière pour retrouver les traces du plus célèbre phobique de l’histoire de la psychologie.

Je ne vous en dis pas plus pour ne pas ne dévoiler le suspense et je vous laisse regarder la très bonne vidéo ci-dessous, réalisée par un Spline, un youtuber, dont la qualité des vidéos est à saluer.

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Sources et bibliographie:

-Articles

Birraux Annie, « Chemin faisant avec l’angoisse », Enfances & Psy, 2009/1 (n° 42), p. 18-27

Oliveira dos Santos Luciana, « Problématisation de l’apparition du trouble panique en psychiatrie », Nouvelle revue de psychosociologie, 2017/2 (N° 24), p. 81-92

-Ouvrages

Kapsambelis Vassilis, L’angoisse. Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2017, 128 pages

Amar, Nadine, Annick Le Guen, et Agnès Oppenheimer. Angoisses : pluralité d’approches, PUF, 1997

Jean-Luc Emery, Vaincre le trouble panique et l’agoraphobie, Surmontez vos peurs, Odile Jacob, 2008

-Chapitre d’ouvrages

Winnicott D. W. (1952), L’angoisse associée à l’insécurité, in De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris, Payot, 126-130.

Boulenger Jean-Philippe, Capdevielle Delphine, « Attaques de panique, trouble panique et agoraphobie », dans, Les troubles anxieux, Cachan, Lavoisier, « Psychiatrie », 2014, p. 144-154.

vincent Joly
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L’étude des phobies : le cas du petit Albert par J.B. Watson
Résumé
L'étude des phobies : le cas du petit Albert par J.B. Watson
Nom de l’article
L'étude des phobies : le cas du petit Albert par J.B. Watson
Description
D'où viennent les phobies? Sont-elles liées à un événement aléatoire ou ont-elles un sens symbolique? Pour répondre à ces questions le psychologue J.B. Watson met en place un expérience sur un enfant: le petit Albert.
Auteur
Nom du site
Psyaparis.fr
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7 thoughts on “L’étude des phobies : le cas du petit Albert par J.B. Watson

  • 4 avril 2009 at 15 h 14 min
    Permalink

    la désensibilisation du « petit Albert » n’a pu avoir lieu, mais a-t-on écrit sur la manière de débarrasser d’une phobie, en effet conditionnée, chez un adulte ?
    N. Zuili

    Reply
  • 4 avril 2009 at 15 h 16 min
    Permalink

    Je cherche les travaux qui indiquent comment soigner une phobie (conditionnée) :
    – psychanalyse ?
    – hypnose ?
    – autre approche ?
    N. Zuili 040409

    Reply
  • 5 avril 2009 at 9 h 18 min
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    il y a beaucoup de choses en langue anglaise. En français, je ne sais pas trop. Les approches cognitivo-behavioriste sont très efficaces.

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  • 16 mars 2010 at 11 h 08 min
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    Bonjours Zuili nadine je suis fac de psychologie, et si tu veut j’ai récemment étudié les traveaux de « Marie Cover Jones » qui a travaillé sur le moyen de remédier à une phobie, or, je tiens à te mettre en garde, ce ne sont que des expérimentations faites en laboratoire, donc ne compte pas dessus pour faire disparaitre une de tes propres phobie ; ca ne reste que de la théorie…Si tu veut des précisions ou simplement parler d’autres faits psychologiques en rapport avec le conditionnement n’hésite pas et puis ça me fera un bonne exercice de révision^^

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  • 16 mars 2011 at 14 h 05 min
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    plusieurs années plus tard, le petit albert a été « déprogrammé » grace à la désensibilisation systématique. associer des techniques de relaxation à l’agent anxiogène, il faut procéder par étape.

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  • 15 novembre 2012 at 4 h 07 min
    Permalink

    Ou avez vous trouvé votre information pour ce qui est de la déprogramation du petit albert ?? Jai fait le tour d’internet sans rien trouver!

    Reply
  • 6 janvier 2020 at 0 h 24 min
    Permalink

    non, « Albert » ce n’était pas son nom… d’autres enfants ont été désensibilisé mais pas lui 🙂

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