Karl Abraham (1877-1925) est un psychanalyste allemand, célèbre pour avoir participé à la fondation du mouvement psychanalytique. Ses réflexions sur les stades du développement, sur les psychoses, et sur la pratique de la psychanalyse ont eu un impact important sur ses successeurs et notamment Mélanie Klein.
La vie de Karl Abraham: chronologie
- 3 Mai 1877 : Naissance à Brême
- 1896 : Débute des études de médecine à l’université de Berlin
- 1906 : Mariage avec sa cousine Hedwig Bürgner. Ils auront deux enfants
- 1913 : publication d’une étude de sa fille Hilda : « La petite Hilda, rêveries et symptômes chez une petite fille de sept ans »
- 1905 et 1925 : Nombreux échanges épistolaires avec S. Freud
- 1907 : Installation comme psychanalyste à Berlin
- 1910 : Président de la Société Psychanalytique de Berlin
- 1918 : Président de la Société Psychanalytique Internationale
- 25 décembre 1925 : Décès à l’âge de 48ans à Berlin
Principaux ouvrages
- La Petite Hilda, Puf, 1976.
- Sur les névroses de guerre, Payot, 2010.
- Manie et mélancolie. Sur les troubles bipolaires, Payot, 2010.
- Perte, deuil et introjection, Paris, 2010.
- « Giovanni Segantini », Essai psychanalytique (1911).
- « Amenohotep IV (Echnaton) ». Contribution psychanalytique à l’étude de sa personnalité et du culte monothéiste d’Aton (1912).
- Correspondance complète (1907–1926) avec Sigmund Freud.
- Psychanalyse et culture, Payot, 1969.
- Le complexe de castration : un fantasme originaire, Tchou Sand, 1997.
Karl Abraham, un des premiers freudiens
Karl Abraham fait partie de la première génération de psychanalystes, de ce groupe qui a contribué à fonder la théorie psychanalytique avec Freud. Abraham adopta d’emblée les idées de Freud, tout en développant ses propres réflexions, n’hésitant d’ailleurs pas à s’opposer à Freud sur certains points.
Nous verrons dans cet article, quelques notions essentielles dans l’œuvre d’Abraham, notamment l’étude des troubles maniaco-dépressifs et celle des stades du développement libidinal.
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Étude des troubles maniaco-dépressifs
Abraham fut le premier psychanalyste à traiter des patients souffrant de troubles maniaco-dépressifs et, dans un article de 1911, il montra que les patients dépressifs présentaient une paralysie de leur capacité d’aimer en raison de la violence de leurs fantasmes sadiques et d’une disposition hostile excessive de la libido (1911, p. 104). Il émit alors l’hypothèse que la dépression provient du refoulement du sadisme et releva que mélancolie et manie étaient issues d’un même complexe, face auquel le malade réagissait différemment.
Abraham postulait également l’idée que la dépression de l’adulte devait être fondée sur une dépression de base chez l’enfant, sans parvenir à la vérifier. Melanie Klein, qui fut analysée par Abraham, lui en apporta la démonstration clinique, découverte dont il fit aussitôt part à Freud (Abraham à Freud. lettre 423 A, du 7 octobre 1923).
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Étude du stade anal et du stade oral
En 1924, Abraham publia une vaste synthèse de ses vues dans laquelle il cherchait à situer les points de fixation de diverses affections mentales à différents stades du développement libidinal. Dans ce but, il s’appuyait sur la théorie freudienne classique des stades de la libido (Freud, 1905a) et apportait plusieurs innovations, en distinguant notamment deux sous-phases dans le stade sadique-anal et deux sous-phases dans le stade oral. D’une part, le stade sadique-anal se divise, selon lui, en une phase anale précoce liée à l’évacuation et à la destruction de l’objet point de fixation de la dépression – et, d’autre part, en une phase tardive liée à la rétention et à la domination de l’objet- point de fixation de la névrose obsessionnelle.
Il arrive que dans la dépression le point de fixation soit encore plus précoce que la première sous-phase sadique d’expulsion, dans ce cas Abraham fait remonter la fixation au stade oral. Dans le stade oral, Abraham distingue également deux sous-phases. Une phase orale précoce de succion pré-ambivalente, et une phase sadique-orale tardive qui correspond à l’apparition des dents et détermine l’ambivalence sucer-mordre.
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L’amour et la Haine
Parallèlement, Abraham décrivit l’évolution des affects d’amour et de haine en fonction des relations d’objet jusqu’à parvenir à l’amour d’objet total qui apparaît au stade génital. Ce n’est qu’à l’étape génitale du développement de la libido que l’aptitude pleine et entière de l’amour est acquise (1924, p. 260).
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Influence sur les théories de Mélanie Klein
Les travaux de K. Abraham ont eu une influence considérable, tout particulièrement sur son élève Melanie Klein dont les théories ne peuvent être comprises sans les bases jetées par Abraham – incidemment, avec l’approbation et en accord avec Freud comme le relèvent A. Haynal et E. Falzener (2002, p.28).
Pour aller plus loin : Karl Abraham et les mystères d’une âme
Pour les amateurs de cinéma de muet, il faut savoir que Karl Abraham a participé avec Hanns Sachs à la réalisation du film Les Mystères d’une âme peu avant sa mort.
Sorti en 1926, ce film de Georg Wilhelm Pabst constitue la première présentation cinématographique des théories psychanalytiques au cinéma. Le scénario reprend un cas de Sigmund Freud et tente de mettre en images les théories de l’inconscient et du refoulement.
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Ron Britton parle de K.Abraham
Pour ceux qui maîtrisent la langue de Shakespear, voici un entretien avec Ron Britton, ancien président de la société britannique de psychanalyse. Il évoque la vie et les théories de Karl Abraham.
Il évoque les liens entre Abraham et Freud et l’influence de ses concepts sur les travaux ultérieurs de M.Klein:
Ron Britton on Karl Abraham from Melanie Klein Trust on Vimeo.
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Source de l’article:
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Cet article est inspiré du passage sur K.Abraham de Jean-Michel Quinodoz publié dans :
Lire Freud: Découverte chronologique de l’œuvre de Freud, 2004
Bibliographie:
-Articles:
Kapsambelis, Vassilis. « Les troubles de l’humeur et la psychanalyse. Une revue des textes fondateurs », Le Journal des psychologues, vol. 273, no. 10, 2009, pp. 32-35.
Tréhel, Gilles. « Karl Abraham (1877-1925) : travail en chirurgie militaire et intérêt pour les névroses traumatiques de guerre », Cliniques méditerranéennes, vol. 76, no. 2, 2007, pp. 235-254.
Tréhel, Gilles. « Karl Abraham (1877-1925) : premiers échanges avec Sigmund Freud (1856-1939) à propos de la sexualité », Cliniques méditerranéennes, vol. 78, no. 2, 2008, pp. 281-299.
-Chapitre d’ouvrages
Barande, Ilse. « Introduction au texte de Karl Abraham », Michèle Emmanuelli éd., Ambivalence. l’amour, la haine, l’indifférence. Presses Universitaires de France, 2006, pp. 45-48.
Louët, Estelle, et Catherine Matha. « KARL ABRAHAM, « Les états maniaco-dépressifs et les étapes prégénitales d’organisation de la libido » (1924), in Développements de la libido, Œuvres complètes II, Payot, 1965 ,170-210 », Jean-Yves Chagnon éd., 45 commentaires de textes en psychopathologie psychanalytique. Dunod, 2012, pp. 45-53.
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