Le conditionnement est au centre des théories comportementales. Si le mot est entré dans le langage courant, on connait finalement assez mal les origines théoriques de cette notion. Voyons donc ensemble ce qu’il en est.
Le conditionnement a d’abord été théorisé par Pavlov puis ses réflexions ont été approfondies et modifiées par Skinner. On décrit ainsi classiquement deux formes de conditionnement : le conditionnement classique (ou pavlovien) et le conditionnement opérant.
Le conditionnement classique
Le conditionnement classique (aussi appelé conditionnement répondant) a été introduit par I.Pavlov. Il provient de l’association entre des stimuli (c’est-à-dire des phénomènes issus de l’environnement qui vont stimuler l’organisme) et les réactions automatiques de l’organisme (ce point est important). Pour Pavlov, l’ensemble des comportements complexes pouvaient être réduits à des chaînes de comportements conditionnés.
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Pavlov décrit deux étapes qui rendent compte de la mise en place du conditionnement:
1.Stimulus neutre et réponse neutre
- Dans un premier temps, nous avons la situation suivante:
SN + SI –> RI
Le stimulus neutre (SN), qui ne déclenche aucune réponse ou une réponse neutre (RN), est associé au stimulus inconditionnel (SI) -survenu au hasard, sans apprentissage – qui déclenche une réponse inconditionnelle (RI) . Elle se manifeste de façon automatique sous forme d’émotion (par exemple, pleurer quand on nous tape sur le pied) ou de réflexe (saliver quand on voit un éclair au chocolat). Le stimulus neutre est également présent (par exemple un bruit de cloche dix secondes avant l’arrivée de l’éclair au chocolat) sans que le sujet ne fasse d’abord de lien entre le SN et le SI.
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2.Stimulus conditionnel et réponse conditionnelle
- Après cette première séquence (qui nécessite parfois d’être répétée plusieurs fois), un conditionnement s’est mis en place et l’on peut établir le schéma suivant:
SC –> RC
Le stimulus conditionnel (SC) qui est à l’origine le stimulus neutre (SN), déclenche la même réponse que le stimulus inconditionnel (maintenant, quand j’entends un bruit de cloche, je salive car je pense à l’éclair au chocolat que j’associe, par habitude, au bruit de la cloche). On parle alors de réponse conditionnelle (RC) pour décrire cette réponse associée à un stimulus conditionnel.
Le célèbre « chien de Pavlov » a été l’un des premiers participant canin aux expériences sur le stimulus conditionnel. Pavlol, scientifique du début du XXe siècle, effectuait des recherches sur la salivation des chiens. Il remarqua qu’un chien qui revenait dans le laboratoire de recherches après plusieurs fois, se mettait à saliver avant même qu’on le nourrisse. Le chien salivait à voir simplement la pièce ou le plat dans lequel on mettait la nourriture. Pavlov donna à ce phénomène le nom de réflexe conditionnel.
Par la suite, Pavlov présenta de la nourriture à un autre chien. Pour reprendre les termes précédents, le SI était la nourriture qui provoquait toujours la salivation du chien (RI). Mais cette fois, le chercheur commença à faire sonner une cloche (SN) chaque fois qu’il se préparait à lui servir son repas. Après peu de temps, il réalisa que le chien salivait (RC) dès qu’il entendait la cloche (SC) et ce, même s’il ne lui apportait pas la nourriture.
Plus tard, Pavlov complexifia encore son expérience et son chien finit par être vraiment trop stressé et plus très opérationnel (mais c’est une autre histoire).
Le conditionnement opérant
Définition du conditionnement opérant
Quelques dizaines d’années après, le concept de conditionnement fut modifié par Skinner qui inventa la notion de conditionnement opérant par opposition au conditionnement classique de type pavlovien, que nous venons de décrire. La différence tient dans ce que le conditionnement n’est plus lié chez Skinner à des réponses réflexes de l’organisme mais à l’influence de l’environnement, qui renforce positivement ou négativement le conditionnement. Par exemple, si un rat découvre, par hasard, qu’en actionnant un levier il obtient de la nourriture, il cherchera à actionner à nouveau le levier (et finira obèse mais je sens que je m’égare). Cette nouvelle description du conditionnement, plus subtile, constitue un modèle de description des apprentissages.
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Le conditionnement opérant et la boite de Skinner
La boite de Skinner, dont une version légèrement modifiée est décrite dans la vidéo ci-dessous, permet de mettre en évidence le conditionnement opérant. Je vous incite d’ailleurs fortement à la visionner car elle permet de bien comprendre la spécificité du conditionnement opérant. L’expérimentateur va apprendre au rat différentes tâches: D’abord (1) appuyer un levier pour avoir de la nourriture. Puis (2) pousser une manette et appuyer sur un levier. Enfin (3), mettre une bille dans un cercle, pousser la manette et appuyer sur le levier.
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L’expérience des chiens de Pavlov: présentation par « Le coup de Phil' »
Le youtuber Cyrus North a réalisé une présentation des expériences de Pavlov sur ses chiens. Il expose plus généralement les théories sur le conditionnement.
Le style est très rapide et nerveux et plaira d’abord aux étudiants mais le résultat final est bien fichu et expose bien les mécanismes du conditionnement.
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Sources et bibliographie:
-Articles
Molet, Mikaël, et al. « Pour une approche cognitive du conditionnement pavlovien », L’Année psychologique, vol. vol. 109, no. 2, 2009, pp. 333-357.
-Ouvrages
Pavlov, I., Les Réflexes Conditionnés : une Investigation de l’Activité Physiologique du Cortex Cérébral, 1927
Skinner, B.F., L’Analyse expérimentale du comportement, 1969
Le Ny, Jean-François. Le conditionnement et l’apprentissage. Presses Universitaires de France, 1992
-Chapitre d’ouvrages
Thomas, R. Murray, et Claudine Michel. « 14. Le conditionnement opérant de Skinner », Théories du développement de l’enfant. Études comparatives, sous la direction de Thomas R. Murray, Michel Claudine. De Boeck Supérieur, 1994, pp. 415-446.
Rusinek, Stéphane. « 3. Lois du conditionnement », , Thérapies comportementales et cognitives. En 37 notions, sous la direction de Chapelle Frédéric, et al. Dunod, 2018, pp. 15-20.
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J’ai donné une petite définition du behaviorisme moderne, qui complète vos explications.
http://hafetz.canalblog.com/archives/2008/11/28/index.html
Les célèbres chiens de Pavlov n’ont jamais été complètement opérationnels, et même s’il ne faut pas remettre en cause les observations des séries d’expériences, il faut cependant s’interroger sur la véracité des interprétations que Pavlov en donne. Erwin Straus, dans son ouvrage intitulé « Du sens des sens » explicite point par point le caractère boiteux de la théorie Pavlovienne, je cite :
« […] Il ne faut pas perdre de vue qu’après avoir subi une fistule de la glande salivaire, en vue des expériences, les chiens étaient maintenus pendant la durée de celles-ci, dans des conditions d’environnement tout à fait différentes de celles de leur milieu naturel. Le laboratoire est complètement coupé du monde extérieur ; aucune lumière, aucun bruit, aucune odeur n’y pénètrent du dehors ; à proprement parler, il ne s’y passe rien. L’animal est prisonnier, dans une atmosphère de silence absolu que rien ne vient troubler. Après quelques jours d’adaptation, les expériences commencent. Les animaux sont immobilisés dans un travail placé sur une table ; divers appareils d’enregistrement y sont attachés, et le chien ainsi préparé est abandonné dans la solitude silencieuse du laboratoire. L’expérimentateur observe les animaux à leur insu, d’une chambre voisine. Tous les « stimuli » sont présentés à l’animal au moyen d’un dispositif mécanique ; les précautions les plus minutieuses ont été prises pour éviter qu’aucun changement ne survienne dans le local d’expérience, ce qui signifie dans la terminologie de Pavlov que l’expérimentateur a éliminé tous les « stimuli » qu’il ne désire pas utiliser dans l’expérience à laquelle il procède. » […]
« Les laboratoires pavloviens se caractérisent pas la monotonie désertique qui y règne – et qui doit y régner – si, l’on veut que toutes les expériences réussissent. Dans un tel environnement chaque son a, évidemment, une toute autre signification que celle qu’il revêt dans la variété changeante du milieu naturel peuplé de lumières, de bruits, d’odeurs, de mouvements d’hommes et d’animaux. […] »
Je dirais que le conditionnement clasique s’agit selon le besoin ou la necessité et le conditionnement operant s’agit selon la pensée.
Je vous remercie de m’avoire amener cettd page
La situation ici comparée au conditionnement repondant est une peu plus explicite d autant plus que la capacité d apprendre est plus evidente.une question si l etre humain n est pas conditionné comme le rat comment il donc pour apprendre?
est- il possible d’ appliquer le conditionnement classique chez les élèves (donc sur les humains) quand on sait qu’a priori aucune situation d’apprentissage ne provoque de réaction réflexe chez les apprenants. quelque soit le chien il salivera toujours devant un plat de viande. une telle généralisation n’existe cependant pas chez les êtres humains
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classic conditioning is due to reflex meanwhile operating conditioning is due to thought
Mais si, arrêtons de nous la jouer, on est comme des chiens ou des rats, ça vous arrive jamais d’avoir le ventre qui gargouille quand c’est l’heure du casse-croûte ? Les élèves, c’est pareil, mais quand ils sont en classe, ça marche plutôt dans l’autre sens, ils auraient tendance au conditionnement négatif, ça peut les empêcher de penser !!
Je crois que le conditionnement classique est plus comprehensible que le conditionnement opérant.
il faut positiver . dans une sequence enseignement apprentissage , la reaction de l’apprenant ne compte til pas beaucoup ? EN fait devant un stimulus l’élève réagi toujours positivement . Il salive . son besoin de s’engager s’aggrandit . Les exercices répétés aident l’apprenant à asseoir les mécanismes pour résoudre ou appliquer des théorèmes . c’est pourquoi faudrait il faire aussi de la métacognition ? Dire à l’enfant comment tu as fait pour trouver le résultat n’est pas fortuit