Les critiques adressées au behaviorisme sont multiples et issues de différents courants de la psychologie et des sciences humaines. En faire l’inventaire serait une véritable gageure. En effet, aux critiques des psychanalystes adressées aux comportementalistes, il faut ajouter celles formulées par les humanistes, les phénoménologues, les cognitivistes ou encore celles de Noam Chomsky (qui fut d’ailleurs pour beaucoup dans le dépassement du comportementalisme par le cognitivisme). On se contentera donc de mentionner les critiques formulées par les psychanalystes et les cognitivistes.
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Les critiques du comportementalisme issues de la psychanalyse
Les psychanalystes ont reproché aux comportementalistes – et notamment aux thérapies comportementales – d’avoir oublié l’ihttp://psy-enfant.fr/therapie-comportementale-rationnelle-emotive-rebt/nconscient. Réduisant la réalité humaine à ce qui apparaît à un observateur extérieur, ils ne rendraient pas compte des véritables causes de nos choix.
Pour les psychanalystes, le comportementalisme ne voit que la partie émergée de l’iceberg que constitue « l’âme » humaine. Ferenzy déclaraît ainsi en 1927 (lettre du 9 Janvier) : « Sans le moindre sens de l’historicité, […] Watson croit à l’aide d’expériences simplistes, pratiquées sur des animaux, des nouveau-nés et des enfants, avoir résolu, sur le plan théorique, tout le problème du psychisme […] la seule chose scientifique c’est l’observation du comportement […] il réduit les processus psychiques les plus complexes à la plus extrême simplicité, sous forme de réflexes conditionnés […] la métapsychologie de Freud est [pour Watson] un expédient en attendant que ces messieurs les psychologues et béhavioristes terminent leur travail […] J’ai dit que j’enverrais peut-être en traitement chez Watson des souris blanches et des lapins, mais pas des êtres humains vivants. «
Les psychanalystes (mais avec eux également d’autres courants de pensée) ont accusé les comportementalistes de véhiculer un modèle policier et inhumain des sociétés humaines. Les textes utopistes de Skinner ont ainsi été vivement critiqués. Ils décriraient une humanité sécuritaire, entièrement asservie à un idéal scientiste. Le roman d’anticipation d’Aldous Huxley, Brave New World, dénonce ainsi les conséquences que pourraient avoir une application à l’échelle de la société des concepts développés par Watson.
Une série d’article du site « Le point de capiton« reviennent plus en détail sur les critiques que les psychanalystes adressent au comportementalistes. A voir également, l’article d’Olivier d’Ouville disponible sur Cairn. L’auteur revient sur les livres de Watson (Le Behaviorisme) et de Skinner (Walden 2). Il critique la dimension policière du projet comportementaliste. Cette dimension est notamment perceptible, selon lui, dans la vision qu’ont les deux auteurs d’une société utopique organisée scientifiquement.
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Le dépassement cognitiviste du comportementalisme
Les cognitivistes n’ont pas adressé les mêmes critiques au comportementalisme que les psychanalystes. Ils ont plutôt cherché à s’inscrire dans l’héritage comportementaliste en le dépassant. Ils sont notamment revenus sur le postulat de la « boîte noire » jugé trop restrictif. En effet, pour les comportementalistes, il convient de s’en tenir aux comportements observables sans chercher à rendre compte du fonctionnement psychique des individus. Or, pour les cognitivistes, ce postulat ne permet pas de rendre compte des phénomènes d’une manière satisfaisante. Pour eux, on ne peut comprendre le passage du stimulus à la réponse sans formuler des hypothèses sur ce qui se passe dans la « boîte noire ».
Pour un relevé plus exhaustif des critiques formulées à l’égard du comportementalisme, voir l’article suivant. Il s’agit d’un cours et les idées sont mentionnées mais pas toujours développées.
Critiques du comportementalisme: sources et bibliographie:
-Articles:
Parot-Locatelli Françoise. Réflexions critiques sur la thérapie comportementale. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 19, janvier 1978. La guerre à la pauvreté. pp. 67-76.
-Chapitres d’ouvrages:
Benasayag, Miguel. « 5. Impasses et dangers des thérapies comportementalistes et « alternatives » », , Clinique du mal-être. La « psy » face aux nouvelles souffrances psychiques, avec la collaboration d’ del Rey Angélique. La Découverte, 2015, pp. 75-98.
Broudic, Jean-Yves. « 3. Le comportementalisme, référence officielle des recommandations », , Les « bonnes pratiques » à l’épreuve des faits. Du désir dans le soin et le travail social, sous la direction de Broudic Jean-Yves. ERES, 2018, pp. 59-92.
Labouret, Olivier. « Dérive scientiste, comportementaliste et eugénique », , La dérive idéologique de la psychiatrie. Quand le président se prend pour un psy, c’est la France qui devient folle, sous la direction de Labouret Olivier. ERES, 2008, pp. 63-105.
Perrot, Édouard. « Chapitre 10. Certains aspects de la controverse entre psychodynamique et cognitivo-comportementalisme », , La psychothérapie de soutien. Une perspective psychanalytique, sous la direction de de Perrot Édouard. De Boeck Supérieur, 2006, pp. 103-111.
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