L’agoraphobie

Qu’est-ce que l’agoraphobie ?

Contrairement à ce que l’on croit souvent l’agoraphobie ne se réduit pas à la peur de la foule (dans ce cas précis on utilise le terme barbare d’ochlophobie). Il s’agit d’une manière plus générale d’une peur intense en rapport avec des lieux d’où il serait difficile ou gênant de s’échapper.

Étymologiquement, agoraphobie signifie « peur de la place du marché » en grec. Elle trouve son origine dans l’angoisse de ne pouvoir être secouru ou protégé dans un endroit s’il arrivait quelque chose. La peur est donc liée à un scénario angoissant plus qu’au lieu en tant que tel.

L’agoraphobie existe rarement de manière isolée, son apparition est souvent secondaire à des crises d’angoisse survenant dans des situations spécifiques. Même si certaines personnes peuvent développer une agoraphobie sans avoir connu préalablement de troubles d’angoisse ou d’anxiété, il est très fréquent que ces deux pathologies aillent de pair.

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60.000 personnes agoraphobes à Paris

L’agoraphobie est un trouble fréquent. Il touche de 2 à 4 % de la population et est plus fréquent chez les femmes (80 % des cas). A Paris, on estime ainsi qu’environ 60.000 personnes seraient agoraphobes et 300.000 en région parisienne. Sous sa forme mineure, aussi appelée agoraphobie simple (sans troubles associés), il débute le plus souvent entre 15 et 30 ans. La forme dite majeure de l’agoraphobie s’accompagne de troubles paniques et survient généralement entre 30 et 45 ans.

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Exemples de peurs dans l’agoraphobie

Les scénarios angoissants pouvant susciter des comportements d’évitement sont très nombreux. On retrouve toutefois très souvent les peurs suivantes :

  • peur de la foule,
  • peur de rester dans un lieu fermé (ascenseur, petite pièce etc.),
  • peur de certains moyens de transport (voitures, trains, avions),
  • peur de sortir seul de sa maison,
  • peur d’avoir une crise d’angoisse dans un lieu public.

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agoraphobie et psychologie: un erue bondée

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Symptômes

On décrit classiquement 4 grands types de symptômes dans l’agoraphobie :

  • un intense sentiment de panique ou de crainte,
  • une incapacité à se raisonner bien qu’on sache que la peur est excessive,
  • des symptômes physiques associés au besoin irrésistible de fuir la situation  : accélération du rythme cardiaque, essoufflement, tremblements,
  • mise en place de stratégies d’évitement ou recours à un « objet contra-phobique » (besoin d’être accompagné par une certaine personne etc.).

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Agoraphobie et phobie sociale

L’agoraphobie et la phobie sociale sont souvent confondues. Bien qu’assez proches ces deux formes de phobies sont toutefois différentes. Les situations phobogènes, notamment, sont différentes comme le montre le tableau suivant :

Situations phobogènes

Phobie sociale

Agoraphobie

  • Être présenté à une nouvelle personne
  • Espaces découverts
  • Téléphoner
  • Lieux peu familiers
  • Recevoir une visite
  • Transports publics
  • Être observé
  • Magasins
  • Être moqué
  • Foules
  • Manger en famille
  • Être seul
  • Parler devant un public
  • Traverser la rue
  • Parler devant une personne d’autorité

Source : AMIES PL, GELDER MG, SHAW PM. Social phobia : a comparative clinical study. Brit J Psychiatry 1983 ; 142 : 174-9

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Comme on le voit, l’agoraphobie porte surtout sur des situations spatiales, des lieux.

A l’inverse, la phobie sociale est liée à des actions, à des situations d’interaction sociale.

Du point de vue du sens, ce sont donc des phobies différentes.

L’agoraphobie est liée au rapport à la distance, mais également au manque de soutien, de contenance, au sentiment d’être débordé par un univers effrayant. On pourrait la représenter par la vague d’Hokusai. Le monde extérieur, la foule sont vus comme effrayants, débordants, menaçants.

La phobie sociale est différente. Elle a d’abord à voir avec le regard, avec la honte. L’angoisse est d’avantage liée à des représentations sociales. La personne qui souffre de phobie sociale souffre d’un manque de bienveillance, d’un besoin d’être soutenue, épaulée face aux jugements, au mépris ou aux attentes des autres. On pourrait se représenter la situation à travers l’image de la petite souris: la personne souhaiterait disparaître dans un trou pour ne plus être sous le feu du regard de ses semblables.

Pour en savoir plus sur la phobie sociale, n’hésitez pas à consulter mon article à ce sujet

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La grande vague Hokusai
La grande vague de Kanagawa, Hokusai

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Un test pour l’agoraphobie

Remarque : Les tests ou questionnaires utilisés pour dépister l’agoraphobie ne doivent pas se substituer au diagnostic d’un professionnel et sont fournis dans un but uniquement informatif.

Ils peuvent toutefois permettre d’alerter et permettre de mieux savoir quand demander conseil à un professionnel.

Faire le test

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Consulter sur Paris

L’agoraphobie est une des formes de phobies les plus invalidantes car elle risque d’avoir un grand retentissement sur la vie quotidienne. D’une manière générale, l’angoisse dans l’agoraphobie (comme dans toutes les phobies) risque de faire tache d’huile et de s’étendre à de plus en plus de situations. L’évitement loin de diminuer la peur peut au contraire avoir tendance à l’accentuer, la personne ayant de plus en plus « peur d’avoir peur ».

Si vous pensez souffrir d’agoraphobie, il est donc important de demander conseil à un professionnel.

Si vous habitez à Paris, un psychologue de Psy@Paris peut vous recevoir que ce soit pour une consultation ou pour entamer une psychothérapie.

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Sources et bibliographie:

-Revue:

Reydellet, Dominique. « Traumatisme et agoraphobie : être détruit, détruire », Revue française de psychanalyse, vol. vol. 73, no. 4, 2009, pp. 1133-1138.

-Ouvrages:

Servant, Dominique, Attaques de panique et agoraphobie : diagnostic et prise en charge, Masson, Paris, 2001

 Émery, Jean-Luc, Surmontez vos peurs : vaincre le trouble panique et l’agoraphobie, Odile Jacob, Paris, 2008

Vallon, Serge. L’espace et la phobie. La peur de la peur – 1. ERES, 1996

-Chapitre d’ouvrage:

Mirabel-Sarron, Christine, et Luis Vera. « Chapitre 6. Les phobies complexes », , Comprendre et traiter les phobies. sous la direction de Mirabel-Sarron Christine, Vera Luis. Dunod, 2012, pp. 119-142.

-Témoignage:

Hiel, Moi, ago ou la vie d’une agoraphobe, (Témoignage), 2009