Dossier sur les rêves: présentation
Pourquoi rêve-t-on ? Quels sens ont les rêves ? Peut-on les interpréter ?
L’intérêt des hommes pour les rêves remonte aux temps les plus anciens de notre histoire. Source de fascinations ou de rejets, les rêves occupent une place très importante dans la psychanalyse et plus généralement en psychologie et en psychothérapie.
Il existe de nombreux points de vue sur les rêves, de nombreuses manières de les comprendre et de les étudier et on a trop souvent tendance à opposer ces différentes tendances. On dira ainsi que les neurosciences invalident les théories analytiques ou, au contraire que les neurosciences ne comprennent rien au monde du rêve, que Freud est plus scientifique que Jung, que seules les dernières découvertes sont vraies ou au contrainte qu’il faut s’intéresser aux textes traditionnels ou religieux pour vraiment comprendre notre vie nocturne.
On retrouve ici la passion de la psychologie pour les conflits théoriques ou les querelles de chapelles. Pourtant, il est possible de voir ces différentes approches non pour les opposer mais comme des manières d’éclairer différentes facettes d’un même objet, très vaste et très complexe.
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Voici donc un dossier sur le rêve et sur les différentes théories qui permettent de le penser. Il regroupe les entretiens, les émissions de radios, les documentaires ou les conférences les plus intéressantes que j’ai trouvées sur le sujet. Il est loin d’être exhaustif. Aussi n’hésitez pas à me dire en commentaire si vous connaissez d’autres vidéos ou articles intéressants.
Bonne lecture
Comment comprendre les rêves? Des théories complémentaires
Interprétations traditionnelles des rêves
Les historiens et les ethnopsychiatries apportent un point de vue extrêmement utile pour penser les rêves. Ils montrent comment les rêves prennent des sens et une valeur selon les cultures. Ils attirent , par exemple, notre attention sur le rapport aux morts et aux ancêtres dans les rêves. Une question qui n’avait pas été beaucoup étudiés par les premiers psychanalystes qui s’étaient plus centrés sur la question du désir et des pulsions dans les rêves.
Autre point essentiel, ils soulignent combien les rêves sont ouverts sur l’avenir, sur la préparation du jour à venir au moins autant que sur les souvenirs du passé.
Le rêve chez les philosophes
Les philosophes se sont penchés très tôt sur ce que sont les rêves. Ils ont ainsi étudié combien les rêves venaient questionner notre conscience. C’est peut-être ce qui fait que nous avons tendance à nous couper du monde des rêves dans nos sociétés modernes. Dans un monde rationnel ou l’efficacité doit primer sur tout, quelle place donner à cet état si particulier de la conscience ? Comment accepter que notre part la plus intime soit brumeuse, confuse, incompréhensible ou amorale ? C’est notre identité même que le monde onirique vient remettre en cause chaque nuit.
Le rêve chez Freud
Le regard psychanalytique sur les rêves suscite des réactions étonnamment virulentes sur internet. Cela tient sans doute à un malentendu (entretenu il est vrai par certains psychanalystes) : Freud n’a pas découvert la « vérité » sur le monde des rêves. C’est peut-être ce qu’il a rêvé de faire mais il n’y est pas parvenu c’est certain. Néanmoins, il a ouvert la voie à une réflexion, à une exploration du monde des rêves qui a une grande valeur clinique.
Freud constitue pour beaucoup de théoriciens depuis un siècle, un point de repère à partir duquel ou face auquel ils ont construit leur propre théorie. Sa place dans l’étude des rêves reste donc essentielle.
Les rêves en psychanalyse après Freud
La plupart des psychanalystes après Freud n’ont pas écouté les rêves de la même façon que lui. Bion ou Anzieu ne lisaient pas les rêves de la même façon que le fondateur de la psychanalyse.
Aujourd’hui, tout un courant de la psychanalyse porte ainsi son attention sur le travail du rêve plus que sur son interprétation. La question est alors de savoir comment aider le patient à rêver et rêvasser, comment continuer le rêve en séance.
Rêves groupaux et familiaux
Les rêves sont-ils un phénomène strictement intrasubjectif ou sont-ils traversés par l’intersubjectif voire par le collectif ?
Peut-on rêver pour un autre : pour sa famille, son groupe voire sa communauté ?
L’incursion du collectif dans le rêve avait été laissées de côté et même rejeté par Sigmund Freud. Mais les développements ultérieurs de la psychothérapie (y compris analytique) ont remis en lumière la dimension groupale de certains rêves.
Rêve et Gestalt thérapie
La Gestalt thérapie est un courant assez peu connu en France dont le regard sur le rêve est pourtant passionnant. Chaque élément du rêve va ainsi être vue comme une des dimensions. Dans un rêve tout parle alors de nous : chaque personnage mais également chaque élément. Le thérapeute va alors aider le patient à incarner ces différents éléments à la première en se mettant à la place de tel personnage mais également d’un lac ou d’une forêt.
Rêves et neurosciences
Les neurosciences se passionnent depuis quelques dizaines d’années pour l’étude du sommeil et des rêves. L’étude des bases neuronales du sommeil a permis de mieux comprendre de nombreux phénomènes nocturnes : les cycles du sommeil mais également l’intense activité cérébrale qui règne durant les rêves, pour ne citer que ces deux points. Ainsi, les rêves ne sont pas un moment de passivité pour notre cerveau mais, au contraire, un moment d’intenses remaniements psychiques et émotionnels.
Contrairement à ce que le goût de la profession pour les conflits d’écoles laisse à penser, les théories neuroscientifiques du rêve confirment bien plus qu’elles ne s’opposent à de nombreux travaux antérieurs. Elles montrent que les rêves construisent des scénarios qui permettent de remanier les émotions et les pensées des jours précédents et qu’ils participent à la construction de notre identité.
Explorer ses rêves à travers les rêves lucides
Les rêves lucides sont un champ d’exploration et de compréhension du monde onirique très récent dans le champ universitaire. Jusqu’à il y a quelques années, personne ne s’intéressait à cette expérience si particulière dans laquelle le rêveur devient conscient qu’il rêve tout en étant endormi, peut interagir avec ses rêves et même les modifier.
Là encore, les rêves lucides ouvrent une nouvelle fenêtre sur le monde nocturne. Ils montrent combien les possibilités du rêve sont vastes et utiles. De plus, ils permettent d’instaurer un dialogue entre soi et ses rêves qui peut être très utile pour tout ceux qui font des cauchemars ou de rêves douloureux, par exemple.
On le voit, les différentes approches du rêve peuvent être vues de manière complémentaire, elles permettent chacunes de donner une place plus importante à tel ou tel aspect du monde onirique que les autres théories laissaient dans l’ombre.
Points communs à toutes les théories
Au final, quelles que soient les approches on retrouve quelques points communs :
-Les rêves sont extrêmement complexes et nous ne sommes qu’au début de leur étude
-Ils ont une très grande importance dans l’équilibre psychologique des personnes
-Les rêves ont très certainement un sens ou en tous les cas une fonction essentielle pour la construction de notre identité et de notre équilibre émotionnel
-S’intéresser à ses rêves permet de mieux intégrer certains événements douloureux et de mieux identifier des tensions émotionnelles.
-Il n’existe pas de clé universelle des songes et les dictionnaires des rêves sont à utiliser avec parcimonie.
Au fond, après avoir rédigé ce dossier et re-réfléchis sur cette question, je pense que le plus important dans les rêves, ce ne sont pas les rêves en soi mais de chercher ce qui fait sens pour vous. Qu’est-ce qui, dans ce monde fantasmagorique et insaisissable vient vous interroger ? Qu’est-ce qui se joue, pour vous, la nuit ?
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Les rêves en thérapie
Dans une thérapie, l’étude des rêves est loin d’être obligatoire. De nombreux patients ne passent pas par l’évocation des rêves pour surmonter leurs difficultés.
Néanmoins, dans un certain nombre de cas, l’étude des rêves et leur interprétation peut être précieuse lors d’un travail thérapeutique. Ainsi, lorsque les personnes se sentent distantes d’une certaine part d’elles-mêmes, soit parce qu’elles sont entièrement tournées du côté de la rationalité, soit parce qu’elles tentent de mettre à distance des souvenirs ou des émotions qui les font souffrir, l’étude des rêves peut se révéler précieuse.
Si l’auto-analyse des rêves est très utile en soi, évoquer ses rêves avec un thérapeute permet de partager cette part d’incompréhensible qui gît en nous même. Seul, on risque vite de se perdre dans l’écheveau des rêves et des associations. Le thérapeute (tel que je le conçois du moins) n’a pas pour fonction de donner la clef de songes, mais de proposer des pistes de lecture, comme on proposerait une interprétation d’un texte ou d’un film. Charge au patient de choisir si cette lecture lui semble juste ou fausse. Le thérapeute accompagne sur le chemin onirique, afin de mieux se connecter à notre partie inconsciente.
Quelques conseils pour mieux comprendre ses rêves
Pour finir, voici un certain nombre de conseils qui, je l’espère, vous seront utiles dans votre parcours d’onironaute.
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-Tenez un journal des rêves
C’est sans doute le plus important. Notez vos rêves régulièrement. En effet, les rêves sont très volatils. Au bout de quelques minutes, vous en aurez oublié de nombreux détails. Tenir un journal de rêves permet de mieux s’en souvenir. De plus, étonnamment, plus vous noterez vos rêves, plus vous vous en souviendrez au réveil. Ainsi, si vous avez l’impression de « ne pas rêver », le simple fait d’avoir un cahier posé sur sa table de nuit et d’avoir l’intention de se souvenir de ses rêves suffit souvent à se les remémorer (même si, au début ce ne sont souvent que des bribes).
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-Notez vos associations
Associez la rêverie au rêve et notez tout ce à quoi le rêve vous fait penser. Censurez vous le moins possible et associez librement autour de chaque élément du rêve. Parfois certains éléments seront liés à des émotions très fortes. C’est souvent la part du rêve la plus intéressante (même si ce n’est pas toujours la plus agréable). Bien souvent, le simple fait de se laisser aller à rêvasser autour des éléments du rêve suffira à faire apparaître des liens entre des éléments du rêve qui semblaient absurdes.
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-Voyez le rêve comme un récit symbolique
Les éléments du rêve ont souvent une valeur symbolique (la mort peut représenter une séparation ou un changement, un coffre représenter des choses que l’on veut cacher, etc.). Certains symboles se retrouvent fréquemment car ils ont une valeur culturelle. Néanmoins, ce qui compte le plus c’est le sens que les éléments du rêve ont pour vous. Il est donc essentiel de vous faire confiance et de sentir si « ça colle » ou pas.
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-Si vous êtes bloqués, n’hésitez pas à changer de perspective
Si vous avez l’impression qu’un rêve est incompréhensible, vous pouvez essayer de changer de perspective. Ainsi, Jung suggère d’analyser le rêve comme si tous les éléments représentaient une partie de nous. Une chambre représente notre monde interne, une cave notre moi profond, chaque personnage, une facette de notre personnalité (la colère, la peur, le désir de revendication, notre part féminine ou masculine, etc.)
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Bonjour,
Mon expérience personnelle et les contacts nombreux que j’ai eu avec les psychiatres m’ont conduit à cette conclusion aussi brutale qui soit : : tous les médecins comprennent QUEDALLE aux reves!
Le seul intérêt de ma visite chez tous ces thérapeutes reste et je l’admet fort bien aujourd’hui l’aide que j’ai trouvé dans l’arsenal médicamenteux dont ils disposent et qui est redoutablement efficace!
Pour revenir sur la nature réelle sur le rapport entre le cerveau et l’origine de la conscience pour expliquer les phénomènes extrasensoriels sans les taxer de délires schizophréniques surtout quand les faits relatés sont extrêmement clairs et partagés par un frère jumeau sans compter non plus la cascade de rêves prémonitoires ayant un rapport direct ou non avec le religieux et qui ont pu être classés dans le rayon « couillonades » par un médecin exerçant au cpdm à Montfavet, je peux affirmer que la psychiatrie a encore beaucoup à apprendre des autres domaines comme la physique et les mathématiques fondamentales ainsi que l’héritage religieux qui sont à notre disposition. Voilà messieurs! La spécialité médicale que vous exercez se doit de s’ouvrir
à l’interdisciplinarité pour mieux comprendre le fonctionnement du cerveau. En faire l’économie avec les moyens qui sont à notre disposition aujourd’hui serai un aveu d’incompétence professionnelle.
Dr Tamisier.